Bernard de La Monnoye
- Wikipedia, 16/12/2011
Bernard de La Monnoye, né le 15 juin 1641 à Dijon et mort le 15 octobre 1728 est un avocat, poète, philologue et critique français, connu principalement pour ses Noei Borguignon.
Sommaire |
Biographie
La jurisprudence
Il étudia sous les jésuites, et dans son cours d'humanités, commença de se faire un nom par des épigrammes latines que suivirent des compositions françaises doublement remarquables par la jeunesse de l'auteur et par une élégance alors peu commune en province.
Pour répondre aux vœux de son père, qui lui marquait sa place au barreau, il alla faire son droit à Orléans ; là, cédant à son insu à l'ascendant de ses goûts littéraires, il s'appliqua surtout à recueillir parmi les épines de la jurisprudence des particularités curieuses sur les auteurs et les livres qui en avaient traité. Il débuta au parlement de Dijon en 1662, mais l'incompatibilité de sa nouvelle profession avec les besoins de son esprit se fit bientôt sentir et colorant sa répugnance du prétexte de l'affaiblissement de sa santé, il échappa au labyrinthe des lois et se livra tout entier aux lettres.
Dijon
Dijon possédait à cette époque une réunion d'hommes qui justifiaient les éloges donnés par Voltaire à l'esprit cultivé de ses habitants : c'était un noyau d'académie, dans lequel on distinguait le président Bouhier, Lamare, Dumay, Lantin, Legouz, Moreau de Mautour, le P. Oudin et l'abbé Nicaise. La Monnoye se partagea entre ses livres et de tels amis ; il leur offrait les primeurs de son talent poétique, et l'approbation d'un cercle paisible suffisait à son ambition, il allait jusqu'à gourmander ses amis, s'il leur arrivait de le trahir par la publicité de leurs éloges.
L'abolition du duel
Un succès sur lequel il avait peu compté fit réfléchir sur lui l'éclat qu'il redoutait si fort. L'Académie française proposa, en 1671, pour sujet du prix de poésie qu'elle décernait pour la première fois, l'abolition du duel. La Monnoye se mit sur les rangs, et la pièce qu'il envoya fut couronnée[1]. Le texte des compositions que l'Académie demandait pour ses concours roulait éternellement sur les louanges de Louis XIV ; ce fonds uniforme offrait pourtant encore des inspirations au talent. Si l'on excepte la Gloire acquise par le roi en se condamnant dans sa propre cause, les autres sujets traités par La Monnoye, la Gloire des armes et des lettres sous Louis XIV, l'Education du Dauphin, les Grandes choses faites par le roi en faveur de la religion, pouvaient soutenir sa muse ; il triompha cinq fois, et le bruit courut que ses juges l'avaient fait prier de s'abstenir désormais du concours, dont sa supériorité écartait trop de rivaux.
Joute académique
En célébrant le zèle de Louis pour la cause de la religion, La Monnoye eut pour concurrents Fontenelle et cet abbé Dujarry qui depuis, dans une autre joute académique, l'emporta sur Voltaire adolescent. C'est à Santeul que La Monnoye fut redevable de son dernier succès. Le victorin avait chanté en vers latins le succès des mesures prises par le roi pour extirper l'hérésie ; mais sa pièce ne pouvant disputer le prix, il envoya au concours la traduction en vers français qu'en avait faite La Monnoye, et sans en prévenir celui-ci[2].
Conseiller à la Chambre des comptes
Pour la satisfaire et pour ne point demeurer sans état, il acheta en 1672 une charge de conseiller correcteur en la chambre des comptes, qu'il garda pendant huit ans. Quelque temps après il se laissa marier, et n'eut point à s'en repentir. Ses amis le pressaient depuis longtemps de se fixer à Paris[3]
La poésie
Du sein de son indépendance philosophique, il laissait couler des vers, dédaignés dès le XIXe siècle, mais qui servirent alors à augmenter sa réputation. Santeul, aux productions duquel Corneille prêtait quelquefois le secours de son talent, préférait la manière de La Monnoye, traducteur plus souple et plus fidèle.
Celui-ci, en se mettant en veine pour le lyrique latin, entreprit le même travail sur un grand nombre d'hymnes, et rendit en français, vers pour vers, la Glose de Sainte-Thérèse, composition espagnole en stances qui expriment les transports de l'âme unie à Dieu par la communion[4]. Il voulut dédier cette traduction à mademoiselle de la Vallière, alors carmélite, mais elle refusa par humilité[5].
La Monnoye, par la tournure de son esprit, était peu propre à la poésie noble ; dominé par l'enjouement de son caractère, il se montait difficilement au ton de son sujet ; cédant à sa facilité, il rencontrait le plus souvent des expressions vulgaires et tombait dans le prosaïsme, sermone pédestri.
Voltaire, fidèle aux admirations de sa jeunesse, a loué exorbitamment le Duel aboli ; c'est dans cette pièce, et dans celle que La Monnoye composa sur l'éducation du Dauphin, qu'il a semé ses meilleurs vers : il y a de la force et du mouvement ; mais les négligences et les inversions vicieuses y forment de trop fréquentes disparates. Le poète a mieux réussi dans ses épigrammes et ses contes, imités pour la plupart, et qui ne demandaient que du naturel et de la vivacité[6]. Il fit surtout une heureuse application de son talent en écrivant des Noëls dans le patois de son pays. Aimé Piron, père de l'auteur de la Métromanie et apothicaire à Dijon, s'était déjà essayé dans ce genre ; et ses petites pièces, adaptées aux circonstances, avaient joui d'une vogue extraordinaire.
Les Noëls
La Monnoye (père) lui reprocha un jour sa manière expéditive qui l'empêchait de mettre dans ses compositions tout l'art et toute la finesse dont elles étaient susceptibles. L'apothicaire le défia de faire mieux et il répondit en publiant treize Noëls, sous le nom de Guy Barozai, dénomination par laquelle on désignait les riches vignerons de la Cote, porteurs de bas à coins de couleur rosé, Seize autres Noëls parurent la même année (1700), et l'on put dire que La Monnoye avait tué son devancier. Ces chants populaires, où des grâces toutes nouvelles ornaient un dialecte naïf, mais pauvre et borné dans ses moyens, et où le sel de la satire remplaçait quelquefois une gaieté toujours ingénieuse, furent bientôt dans toutes les bouches ; ils pénétrèrent à la cour et y furent chantés.
Le plus connu parmi ces noëls est sans doute Guillô, pran to tamborin, plus communément appelé Patapan, que l'on continue toujours à mettre en musique et qui en version française commence ainsi :
Guillaume, prends ton tambourin
Toi, prends ta flûte, Robin
Au son de ces instruments
Turelurelu, patapatapan
Au son de ces instruments
Je dirai Noël gaîment.
Des vois discordantes troublèrent ce concert de louanges ; une piété méticuleuse crut apercevoir dans des couplets, tout au plus malins, le dessein formel de tourner la Bible en ridicule. Un nommé Magnien, vicaire à Dijon, déjà plusieurs fois repris pour les écarts de son zèle, fit en chaire une violente sortie contre l'élégant badinage dont les mondains se laissaient charmer.
Vers ce temps-là, un missionnaire qui avait opéré beaucoup de conversions à Dijon fit, dit-on brûler entre autres livres, sur la place publique : le Josèphe d'Arnauld d'Andilly, attendu que tout ce qui venait d'un janséniste était suspect. La Monnoye n'était donc pas rassuré par son orthodoxie et par la régularité de ses mœurs. Ses Noëls furent déférés à la censure de là Sorbonne mais, quoi qu'en ait dit Voltaire, elle évita contre l'avis de neuf de ses docteurs le ridicule de fulminer en pareille occasion, La Monnoye se vengea de ses détracteurs par le sarcasme et voulant multiplier ses lecteurs et donner un démenti à Dumay, qui, très versé dans le patois bourguignon, trouvait dans les Noëls la preuve d'une connaissance imparfaite de ce dialecte, il composa un Glossaire des mots bourguignons les plus difficiles à entendre.
Ce fut pour lui un cadre où il fit entrer une érudition agréable et où il sut glisser de piquantes anecdotes ; de ce nombre est l'extrait d'un sermon de saint Vincent Ferrier, sur le devoir conjugal, morceau qui a beaucoup d'affinité avec le Calendrier des vieillards de la Fontaine, et qui est un monument précieux de l'innocence de l'orateur, ainsi que dé la simplicité du temps.
L'Antiquité et les littératures étrangères
La Monnoye passait de ces débauches d'esprit à l'étude réfléchie des écrivains de l'Antiquité (quoiqu'il ne se fût appliqué au grec que vers l'âge de quarante ans, si nous en croyons d'Olivet, il était aussi versé dans la littérature grecque que dans celle de Rome. Il avait un goût particulier pour faire des vers dans l'une et l'autre langue. C'est ainsi qu'il traduisit en latin son poème du Duel, que, dans cette forme il préférait à l'original, et qu'il mit en grec plusieurs odes d'Horace et la sixième satire de Boileau. La langue espagnole et la littérature italienne lui étaient aussi très familières, et les Ricovrati de Padoue lui envoyèrent des lettres d'académicien en 1687.
Ses correspondances avec les savants avaient répandu dans toute l'Europe sa réputation de philologue consommé. Nicaise, qui se faisait un plaisir d'épargner quelques lettres à la paresse de son ami, le plaça très haut dans l'estime de Pierre Bayle. Ce philosophe reconnaissant des utiles matériaux : et des nombreuses observations que La Monnoye lui avait fait passer pour améliorer la première édition de son Dictionnaire rendit un hommage solennel à l'érudition saine, étendue et ornée de son bienveillant auxiliaire.
L'Académie française
En 1707, La Monnoye consentit enfin à venir à Paris avec ses livres. Sa modestie put seule, pendant plusieurs années, l'écarter de l'Académie française ; il y fut reçu à l'unanimité, en 1713, à la place de Régnier-Desmarais. On a imprimé sans fondement qu'il fut dispensé des visites d'usage. Son élection offrit une particularité plus intéressante. Trois cardinaux, membres de l'Académie, l'y portaient avec vivacité, mais comme dans les assemblées le directeur, le chancelier et le secrétaire avaient seuls des fauteuils, l'étiquette, faisant à leurs éminences une loi de ne point se confondre avec la foule sur des sièges inférieurs, les empêchait d'assister aux séances et de donner leurs voix à leur protégé. Louis XIV leva cette difficulté, en faveur de l'égalité académique, en accordant quarante fauteuils à la compagnie.
Le Ménagiana
En 1715, La Monnoye se vit compromis dans de nouvelles tracasseries par la publication du Menagiana. En corrigeant les erreurs de Gilles Ménage, en éclaircissant certains articles, il céda à la tentation d'y intercaler une partie des remarques curieuses dispersées dans son portefeuille ; Des esprits scrupuleux trouvèrent mauvais qu'il eût levé le voile sur certaines personnes, et qu'il eût mêlé à ses citations des traits un peu libres. Le livre fut arrêté et soumis à des censeurs, avec lesquels il fallut composer. La Monnoye eut assez bon marché d'eux, servi qu'il fut par leur impéritie et par le crédit du cardinal de Rohan[7].
La fin
II prépara lentement les corrections exigées, et l'édition eut le temps de s'écouler sans cartons. Tandis qu'il jouissait paisiblement de la considération due à ses travaux, la banqueroute de Law le dépouilla de toute sa fortune convertie en rentes sur l'État et le força de vendre jusqu'à ses médailles académiques ; à ces pertes se joignit celle d'une compagne qu'il chérissait mais sa sérénité n'en fut point altérée. Les consolations de l'amitié, le produit de sa bibliothèque, dont l'acquéreur (son voisin de la rue du Cherche-Midi, Jean-Baptiste Glucq), lui laissa l'usage jusqu'à la fin de sa vie, une pension de six cents francs qu'il dut à la générosité du duc de Villeroi, une autre d'égale valeur que lui firent des libraires, pour prix de ses remarques sur Baillet et sur l'Anti-Baillet, le conduisirent sans regrets au terme de sa vieillesse, arrivé en sa 87e année.
Postérité
De ses quatre enfants, trois embrassèrent la vie religieuse. L'aîné, marié à Paris, fut le père d'un célèbre avocat au parlement. Ce dernier, dit Lacretelle, était un homme plein de finesse dans les idées comme dans la figure ; il portait au barreau le ton d'une conversation agréable et facile et ses qualités aimables lui avaient concilié l'attachement et le respect. La douceur, la modestie et l'urbanité de Bernard de La Monnoye lui avaient fait de nombreux amis. Sa gaieté, quelquefois grivoise, perce dans ses contes et ses épigrammes ; mais on se tromperait si l'on en tirait quelque induction contre ses mœurs : elles étaient irréprochables de tout point ; et naturellement insouciant, il ne paraît pas qu'il ait jamais pensé à justifier son anagramme : Io amo le donne.
C'est uniquement comme critique et philologue que La Monnoye a conservé sa célébrité ; encore est-on un peu fondé à lui reprocher la frivolité de ses recherches. Burman s'en exprimait durement en l'appelant indefessus nugarum indagator. La Monnoye avait pourtant trouvé grâce en Allemagne ; et dans les Acta eruditorum de Leipzig, dirigés par Leibniz, il était qualifié de vir omnis elegantice peritissimus et studiosissimus. Personne parmi ses contemporains ne possédait mieux l'histoire littéraire et ne le lui disputait en connaissances bibliographiques. Il est néanmoins remarquable qu'il n'eut que des notions superficielles sur les trouvères français, sur leurs fabliaux et sur toutes ces vieilles ébauches de la langue française encore grossière, qui ont été si complètement exploitées dans ces derniers temps.
La Monnoye était encore un homme de goût. Il abjura toute superstition dans son culte pour les anciens, et se prononça franchement en faveur de l'Œdipe de Voltaire. Il avouait hautement la préférence que lui paraissait mériter la culture de notre langue ; et il se bornait à féliciter Santeul de s'être emparé par ses hymnes du seul coin de réserve qui restât aux vers latins. Les siens ont été insérés, ainsi que ses vers grecs, dans le recueil des Recentiores poëte selecti, par d'Olivet. Ses poésies françaises, entremêlées, sans discernement, de morceaux qui n'étaient pas de lui, furent publiées d'abord par Sallengre sur des copies incorrectes et tronquées, la Haye, 1716, in-8° ; l'abbé Joly rassembla de nouvelles poésies pour faire suite au volume précédent, Dijon, in-8°. Rigoley de Juvigny, dans ses Œuvres choisies de La Monnoye, la Haye (Dijon), 1770, vol. in-4°, ou 3 vol. in-8°, divisés en 9 livres, ne fit guère que reproduire le fond de ces trois éditions ; il entassa, sans méthode comme sans goût, tous les matériaux qui se trouvèrent sous sa main, et il ne jugea pas à propos de comprendre les Noëls dans sa compilation. Ses additions consistent principalement dans le discours de La Monnoye à l'Académie et en rognures de ses lettres[8]. Mercier de Saint-Léger, et après lui Chardon de la Rochette, avaient promis de suppléer à l'ineptie de Rigoley, en élaguant considérablement son recueil et en publiant, avec un choix de mélanges, philologiques de La Monnoye, d'élégantes pièces de vers que le pauvre éditeur avait oubliées. Ce projet n'a point reçu d'exécution[9].
Il est également l'auteur de poésies, dont une Ode au Roy sur la conqueste de la Franche-Comté, parue en 1674, et dont la première compilation est publiée en 1716. On attribue enfin à Bernard de La Monnoye la célèbre Chanson de La Palisse.
Publications
Voici la liste des productions de La Monnoye qui complètent la collection de Rigoley :
- Noël bourguignons de Gui Barozai, ai Dioni (Dijon), 1720, pet. in-8°, avec le glossaire et la musique. M. Louis Dubois, ancien bibliothécaire à Lisieux, a donné le teste plus épuré, plus complet des Noëls et autres poésies bourguignonnes de La Monnoye, Châtillon, 1817, in-12. Ce n'était que l'annonce d'un travail plus considérable pour lequel il a été gagné de vitesse par Gabriel Peignot, qui a donné un Essai historique et bibliographique sur les ouvrages publiés en patois bourguignon, particulièrement sur les Noëls de La Monnoye, et le Virgile Virai en vers[10].
- Menagiana, Paris, 1715, 4 vol, in-12 (voir : Ménage), La Monnoye a rassemblé à la fin du 4e volume quelques pièces qui méritent plus particulièrement l'attention des curieux :
- Lettre au président Bouhier sur le prétendu livre des Trois imposteurs. Il y démontre, par une suite de raisonnements sans réplique, qu'aucun de ceux qui ont cité cet ouvrage ne l'avait vu, et que, comme il est impossible, quelque rare qu'on le suppose, qu'il ait échappé aux recherches de tant d'érudits, on en doit conclure qu'il n'a jamais existé que dans l'imagination de quelques impies. Cependant un téméraire, qui spéculait sur la crédulité des amateurs, a publié un ouvrage sous le titre fameux : De tribus impostoribus, anno MDIIC (1598), pet. in-8° de 48 pages. Un exemplaire de cette édition, tirée certainement à un très petit nombre est annoncé dans le catalogue de Crevenna ; un second, acheté au prix exorbitant de quatre cent, soixante-quatorze francs à la vente du duc de la Vallière et M. Renouard en possédait un troisième, dont il a donné une notice assez détaillée dans son Catalogue de la bibliothèque d'un amateur (t. 1er, p. 118). L'examen que M. Brunet a fait de ce livre l'a mis à même de décider qu'il a été imprimé en Allemagne, ou tout au moins à l'imitation des éditions de ce pays, dans le courant du XVIIIe siècle. La note, avec la date manuscrite de 1762 que porte cet l'exemplaire, semble à Renouard une preuve décisive que l'abbé Mercier de Saint-Léger n'a eu aucune part à cette édition. (Voir le Manuel du libraire, t. 3, p. 355 ; les Questions de littérature légale, de Nodier, p. 83, et le Dictionnaire des anonymes, t. 3. p. 560.) Quant à la prétendue traduction française de ce livre, elle est évidemment de l'invention de quelqu'un de nos esprits forts de ces derniers temps. On trouvera dans le Dictionnaire de Prosper Marchand (t. 1er, p. 312) la notice de tous les écrits qui ont paru pour repousser ou pour soutenir l'existence du traité De tribus impostoribus.
- Dissertation sur le Moyen de parvenir. La Monnoye prouve que François Béroalde de Verville en est l'auteur.
- Autre Dissertation sur le Songe de Poliphile (voy. F. Colonna).
- Enfin, Dissertation sur la célèbre Epigramme latine de Pulci sur un hermaphrodite
- Remarques sur les Jugements des savants de Baillet. Elles sont intéressantes et supposent une immense lecture. La Monnoye se refusa aux instances vindicatives du président Cousin, qui voulait qu'il les publiât du vivant de Ménage.
- Drs Observations sur le Cymbalum mundi et sur les Contes de Bonaventure Desperriers, publiées par Prosper Marchand dans les éditions qu'il a données de ces deux ouvrages ;
- Remarques sur le Poggiana (de Lenfant), Paris, 1722, in-12 ;
- une Préface et des Notes sur les Nuits de Straparole. La Monnoye méprisait beaucoup ces contes italiens ; il n'en exceptait que deux ou trois, qu'il a imités.
- Deux Préfaces pour la Pancharis de Bonnefons ;
- des Notes sur la Bibliothèque choisie et sur les Opuscules de Colomiès ;
- une Dissertation sur le Passavant de Th. de Bèze ;
- la Vie du poète Sarrazin, dans le tome 1er des Mémoires de Sallengre ;
- une Lettre à l'abbé Conti sur les principaux auteurs français, dans le tome 7 de la Bibliothèque française. Elle ne va que jusqu'à 1725. Rigoley a cru sérieusement que Voltaire en avait eu besoin pour son Catalogue des écrivains du siècle de Louis XIV.
- La Vie de Pyrrhon, traduite du grec de Diogène-Laèrce, et quelques autres morceaux, dans la continuation des Mémoires de littérature (par Desmolets), t. 3 et 6 ;
- Lettre à Maittaire, contenant diverses remarques sur les Annales de l'imprimerie et sur la vie des Estienne, Dresde, 1712, in-8°, et insérée dans la Bibliothèque anglaise ;
- Remarques sur les Bibliothèques de Lacroix Dumaine et Duverdier, Paris, 1772, 6 vol. in-4°.
La Monnoye fut encore l'éditeur du Recueil des pièces choisies, tant en prose qu'en vers, la Haye (Paris), 1714, 2 vol. in-12. Leduchat pour son Rabelais, Coste pour son Montaigne, Brossette pour son commentaire de Boileau, Gibert pour ses Jugements sur les rhéteurs, Sallengre l' Histoire de Montmaur, durent beaucoup à ses communications ; il ne fut pas moins utilement consulté par l'abbé d'Olivet pour l'édition des lettres de Pogge, par Morabin et d'Olivet pour plusieurs de leurs traductions.
II laissa en manuscrit des Observations sur l'Anacréon de Régnier-Desmarais, et des Remarques sur les vies des jurisconsultes, de Taisand. Le fils de celui-ci n'eut pas l'esprit de profiter de ces Remarques pour rendre moins fautive et moins pauvre la compilation de son père. La Monnoye avait commencé un travail sur la farce de Patelin mais le déplacement d'un directeur de la librairie, sur la tolérance duquel il comptait, lui fit poser la plume. La même considération l'empêcha de tirer de son portefeuille un Commentaire sur Mellin de Saint-Gelais.
On lui a faussement attribué une part à l'édition des Anciens poètes français, imprimée chez Coustellier, et une Vie de Bayle, qui parut à la tête du Dictionnaire, édition de 1715, et séparément à Amsterdam, 1716, et dont l'auteur était un abbé du Revest. D'Alembert regrettait la perte des Recherches de La Monnoye, sur les livres proscrits ou condamnés au feu. Peignot nous en a dédommagés par son Dictionnaire sur le même objet, Vesoul, 1806, 2 vol. in-8°.
Une fable de La Monnoye
- Le bon ménager
Un campagnard bon ménager,
Trouvant que son cheval faisait trop de dépense,
Entreprit, quelle extravagance !
De l’instruire à ne point manger.
« Que ne peut, disait-il, une soigneuse étude ?
Retranchons à diverses fois,
D’abord une poignée, et puis deux et puis trois ;
Par une insensible habitude,
L’animal trop gourmand viendra sans doute à bout
De ne plus rien manger du tout. »
Charmé d’une pensée et si rare et si fine,
Petit à petit il réduit
Sa bête à jeûner jour et nuit.
Fier d’un si beau succès il bénit sa lésine ;
Il croit, plein d’allégresse, avoir atteint son but.
Mais courte l’allégresse fut ;
Bientôt, de cruelle famine,
L’étique palefroi mourut.
Le campagnard surpris au désespoir se livre :
« Quel malheur, dit-il, est le mien !
Mon cheval justement, hélas ! cesse de vivre,
Dans le temps qu’il sait l’art de ne manger plus rien. »
Notes et références
- ↑ Avant que l'auteur fût connu, Charles Perrault la vantait avec chaleur.
« Mais, lui dit quelqu'un, si elle était de Despréaux? - Fût-elle du diable, répondit l'équitable académicien, elle mérite le prix et l'aura. »
- ↑ La Monnoye ayant obtenu la médaille, Santeul la réclama comme premier auteur : un acte par-devant notaire termina le différend ; îe religieux fut nanti de la médaille, moyennant quoi il déclara que La Monnoye en avait toute la gloire. Le désintéressement du poète dijonnais lui aurait fait oublier le soin de sa fortune sans la sollicitude de sa famille.
- ↑ Il leur répondait qu'il n'y serait considéré que comme un bel esprit, rôle dont il se souciait fort peu.
« Toute petite qu'est ma fortune, ajoutait-il, j'en suis content ; je n'ai aucune ambition, je n'ai jamais rien demandé, et ne veux rien demander encore aux puissances. »
« A le nil unquam pelii, Lodoce, pelamvc ; A me nil unquam sic, Lodoïce, peias. »
- ↑ Cette pièce, qui se retrouve dans la Vie de Sainte-Thérèse, par Villefore (1712),et dans l'Esprit de Sainte-Thérèse (voir : Emery), parut pour la première fois dans les Mémoires de Trévoux (de septembre 1702, p. 85-97), avec le texte espagnol.
- ↑ On raconte que Racine, invité à traduire de nouveau cette pièce ascétique, répondit
« qu'on ne pouvait mieux faire que M. de La Monnoye »
- ↑ Parmi les bons morceaux de La Monnoye, on peut encore ranger une quinzaine d'énigmes en forme de sonnets, dont quelques-unes sont supérieures à tout ce qu'on avait alors de mieux en ce genre, et les trois pièces qu'il a traduites sur le vin de Bourgogne, le vin de Champagne et le cidre. Bénigne Grenan, professeur au collège d'Harcourt, avait célébré en vers saphiques la préférence donnée au bourgogne par Guy-Crescent Fagon, premier médecin de Louis XIV. Charles Coffin défendit le Champagne dans une ode alcaïque, et il gagna sa cause au Parnasse, tandis que son adversaire la gagnait à la faculté de médecine de Paris. Coffin ayant traité le cidre de limon de la Neustrie, un poète normand, Charles Ybert, releva cette provocation par une pièce en vers latins.
- ↑ Après les avoir comparés au Bridole de Rabelais, il s'applaudissait de leur
« bonté à laisser par-ci par-là des articles plus licencieux que ceux qu'ils avaient supprimés. »
- ↑ Voir d'autres fragments de Lettres de La Monnoye, Magasin encyclopédique, 1807, t. 3.
- ↑ On a fait un nouveau choix des poésies de La Monnoye, Paris, 1780, in-12 ; et quelques-uns de ses contes ont été insérés par Nougaret à la suite de ceux de Vergier, ibid, 1801 ; 2 vol, in-12.
- ↑ Voici la série des diverses éditions de Noëls :
- Noei to novea, (au nombre de 13), composai en lai rue du Tillo, 1700, Dijon, in-12 ;
- ibid., même année, in-12, avec 16 nouveaux noëls composai an lai rue de la Roulotte ;
- 1701, in-12 ;
- Pleumeire (Dijon), sans date, in-12 ;
- (avec l'Èpôlôgie de Noei, qui avait paru à part en 1706), Lucsambor (Dijon), 1717, in-12 ;
- (cotée 4e), bonne édition, donnée par le président Bouhier. Dijon, 1720, in-8° de 416 pages, avec le Glossaire ; elle a servi de type aux éditions suivantes, qui en ont scrupuleusement reproduit toutes les fautes, et n'ont pas manqué d'y en ajouter : il y eut deux réimpressions des noëls dans la même année, Dijon, 1724, in-l2 ;
- (cotée 5e), avec les pièces d'un autre auteur, 1737, in-12 ;
- Dijon, Defay, 1738, avec la musique à la fin ;
- de 1748, in-12 ;
- (cotée 5e), de 1772 ou environ, in-8° de 416 pages ;
- Dijon, 1776, in-8 ;
- vers 1780, in-12, sans le Glossaire ;
- vers 1782, in-12, id. ;
- (cotée 7e), in-24 de 170 pages, Dijon, 1792, avec un abrégé du Glossaire ;
- de 1817. Un amateur s'est donné la peine de mettre les noëls en vers français ; cette pitoyable traduction se trouve dans un livre très rare, Recueil des pièces choisies, rassemblées par les soins du Cosmopolite, 1735, in-4° (voir : d'Aiguillon, Grecourt, et Moncrif). Cette traduction a été reproduite par P.-S. Carron, sous la même date, in-8° de 24 pages, non compris le titre.
Lien interne
Liens externes
- (fr) Notice biographique de l'Académie Française
- (en) Patapan Une version bourguignonne de Patapan en format RealPlayer.
- (en) Pat-a-Pan Une version anglaise de Patapan en format mp3.
Source partielle
« Bernard de La Monnoye », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
Précédé par François-Séraphin Régnier-Desmarais |
Fauteuil 30 de l’Académie française 1713-1728 |
Suivi par Michel Poncet de la Rivière |