Affaire du gang des barbares
- Wikipedia, 3/02/2012
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L’affaire du gang des barbares désigne les événements liés à la mort d'Ilan Halimi, enlevé dans la région parisienne puis séquestré et torturé en janvier 2006 par un groupe d'une vingtaine de personnes se faisant appeler le « gang des barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Leur choix se porte sur Ilan Halimi, car, du fait de son appartenance à la communauté juive, il est censé être riche.
L’affaire a suscité une vive émotion en France, y compris au plus haut niveau de l’État, du fait de l’antisémitisme des auteurs du crime et des conditions de séquestration et de mort du jeune homme. Le procès s’est déroulé d'avril à juillet 2009, selon les règles de publicité restreinte puisque deux des membres du gang étaient mineurs au moment des faits. Plusieurs livres en relation avec cette affaire ont été publiés, notamment 24 jours : la vérité sur la mort d’Ilan Halimi dont les auteurs sont Ruth Halimi, la mère de la victime, et Émilie Frèche, une jeune écrivaine, ou encore Tout, tout de suite de Morgan Sportès.
Faits
Ilan Halimi, né le 11 octobre 1982, est enlevé le 21 janvier 2006 en région parisienne et torturé pendant les trois semaines suivantes dans une cité HLM de Bagneux dans les Hauts-de-Seine.
Découvert agonisant le 13 février 2006 le long des voies ferrées de RER C à Sainte-Geneviève-des-Bois dans le département de l’Essonne, il est décédé peu après lors de son transfert à l’hôpital.
L’autopsie réalisée le 14 février à l’hôpital d’Évry (Essonne) a révélé des « brûlures » sur 80 % du corps, de multiples « hématomes et contusions », « une plaie à la joue » faite au cutter et « deux plaies à l’arme blanche sous la gorge ». Mais le médecin légiste conclut : « Aucun des coups n’est mortel. » C’est l’ensemble des violences et tortures subies pendant trois semaines qui ont causé la mort. Contrairement à des rumeurs ayant couru au moment des faits, aucune trace de violence sexuelle ni de mutilation n'a été décelée à l'autopsie[1].
Il apparaît aussi que le froid (l’enlèvement s’est passé fin janvier) et la faim ont contribué à l’affaiblissement de la victime.
Ses ravisseurs, qui furent surnommés le « gang des barbares », voulaient obtenir une rançon pour sa libération.
Le « gang des barbares » était composé d’une vingtaine de personnes qui gravitaient autour d’un chef, Youssouf Fofana. Toutefois, les enquêteurs, évoquant plusieurs déplacements en Côte d'Ivoire de Youssouf Fofana durant le rapt, ont avancé l’hypothèse d’un autre chef. Son avocat a déclaré, sans autres précisions : « Il [est] parti deux fois en Côte d’Ivoire sur vingt et un jours [durant le rapt] […] il n’était peut-être pas le seul à diriger les choses » et « Je ne suis pas convaincu qu’il puisse parler librement tant que d’autres personnes sont dehors »[2].
Des jeunes filles étaient utilisées pour attirer les victimes dans un guet-apens. Ilan Halimi ne serait pas la première victime du gang : il y aurait eu cinq tentatives d’approche avant lui, mais toutes auraient échoué.
Halimi fut torturé durant plusieurs semaines dans une cave d’une cité de Bagneux.
Le motif de ce crime est crapuleux : il s’agissait d’extorquer de l’argent à la famille de la victime, « supposée riche car juive ». Lorsque les ravisseurs se sont rendu compte que la famille ne disposait pas de la somme exigée — une somme dont le montant a varié de 450 000 euros à 500 000 euros —, ils ont chargé un rabbin choisi au hasard de l'annuaire téléphonique de récolter l’argent dans « sa communauté » pour payer la rançon. La motivation antisémite est rejetée comme motif, et niée avec énergie par Youssouf Fofana. Plusieurs membres du gang ont déclaré lors des interrogatoires qu’« un Juif, c’est riche »[3], ce qui n’était pas le cas d’Halimi, issu d’une modeste famille,sa mère est une secrétaire.
Un officier de police a signalé que les membres du groupe ne sont pas connus comme extrémistes. Plusieurs se sont défendus d’être antisémites[4]. Les juges chargés du dossier ont retenu l’antisémitisme comme circonstance aggravante du crime.
Ilan Halimi est enterré au cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem Ouest en Israël après le transfert de son corps depuis sa tombe en France[5].
L'antisémitisme dans le crime
À la date du 5 mars 2006, la circonstance aggravante d’antisémitisme a été retenue par les juges d’instruction. Le quotidien Le Monde du 21 mars 2006 publie des informations en faveur d’une interprétation antisémite de l’affaire, après des interrogatoires de certains prévenus.
Les préjugés antisémites de la bande de Bagneux apparaissent dans les auditions de ses membres. D’après Youssouf Fofana, ils ont visé la communauté juive à cause de la richesse présumée de ses membres. Néanmoins la bande avait d'abord visé des personnes non juives et c'était au terme de deux échecs qu'elle avait l'idée de cibler un Juif en pensant que celui-ci aurait de l'argent ou du moins une communauté prête à en réunir[6].
Entretien de Youssouf Fofana sur I-télé lors de sa garde à vue en Côte d'Ivoire
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Fin février 2006, I-Télé annonce sur son antenne un « scoop ». Frank-Olivier Boli, correspondant en Côte d’Ivoire de l’émission I-Afrique, parvient, dans des circonstances jamais rendues publiques, à obtenir un entretien avec Youssouf Fofana.
Cette diffusion fera l’objet de violentes polémiques en raison des questions journalistiques, morales et déontologiques qu’elle soulève : au lieu d’interroger ses avocats, doit-on exploiter l’interview d’un prisonnier durant une garde à vue, du simple fait que cela se déroule à l’étranger ? De plus, la direction de la chaîne a remis une copie de l’enregistrement complet de l’interview aux forces de police françaises. Au-delà de la question journalistique et déontologique, cette diffusion a eu de considérables répercussions, notamment dans la communauté juive et la famille de la victime.
En mars 2006, une plainte est déposée du fait d’un lourd soupçon de corruption (un commissaire de police aurait été rétribué) pour avoir négocié et payé l’accès à Fofana lors de sa garde à vue en Côte d’Ivoire. Le 30 octobre 2006, à l’antenne de la station Europe 1, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy déclare, concernant la décision de I-Télé de diffuser la vidéo de Youssouf Fofana : « Quand je vois une chaîne qui a assez peu de morale pour diffuser, dans l’affaire Ilan Halimi, une interview du chef du gang, Youssef Fofana, Je m’interroge sur le rôle des médias. Donner la parole aux criminels plutôt qu’aux victimes, cela veut dire que nous n’avons pas les mêmes valeurs… »
Dans cette interview réalisée le 24 février 2006 et diffusée sur I-Télé le lendemain, Youssouf Fofana tient des propos peu intelligibles. Il déclare qu’Ilan Halimi a été enlevé « à des fins financières » et qu’il ne l’a pas tué, mais dit à un autre moment : « Si la guillotine était là, on aurait pu la suggérer pour moi. » I-Télé, avant de diffuser l’interview, aurait demandé l’avis de la famille Halimi qui aurait donné son accord en déclarant qu’I-Télé faisait son travail de journaliste d’information[7]. Cependant, après avoir visionné cette interview, l’avocat de la famille Halimi déclare : « La famille d’Ilan est indignée du cynisme et de la désinvolture de cet homme, de son indécence et de son obscénité quand il s’indigne de sa victimisation ».
Personnes impliquées
Il y a 27 personnes[8] mises en examen (18 hommes et 9 femmes) dans ce dossier, dont 19 ont été emprisonnées.
Parmi ces personnes :
Youssouf Fofana
« Cerveau des barbares » autoproclamé. Né le 2 août 1980 à Paris (dans le XIIe arrondissement), il est le cinquième enfant d’une fratrie de sept. Son père, Bakary, est arrivé de Côte d'Ivoire dans la capitale en 1964 ; il a été embauché comme manœuvre, puis comme ouvrier vitrier. Sa mère, Fatouma, était femme au foyer. En 1989, les Fofana ont emménagé dans un grand appartement à Bagneux, cité du Prunier-Hardy. La scolarité de Youssouf, au collège Joliot-Curie de Bagneux, a été catastrophique. Il n’a pas réussi à obtenir son BEP de comptabilité au lycée professionnel de Montrouge[9].
Dès l’âge de seize ans, il accumule les petits délits (13 sur sa fiche de police) et a été condamné cinq fois entre 2000 et 2003 pour vols, violences volontaires, deux braquages et agression d’un policier. Il aurait déjà passé quatre années en prison pour faits divers dont vol et résistance aux forces de l’ordre[10]. Il est donc bien connu des services de la Police nationale (outrages et rébellions) et d’Interpol. Son père sait que Youssouf a fait trois ans de prison après sa majorité mais il en a oublié la raison, et déplore qu’il n’ait « pas compris qu’il fallait changer et travailler honnêtement après ». Youssouf habitait à la maison, comme les autres enfants, mais ne rangeait jamais rien et n’aidait pas financièrement ses parents, contrairement à son cadet Mamadou. Aux yeux du père, Youssouf est « très croyant » : « Il fait la prière cinq fois par jour et va à la mosquée de Bagneux, mais par contre il ne travaille pas, et moi, ça m’énerve. Ça me fait mal. Moi, je suis vieux, je me lève tous les jours à six heures et Youssouf, lui, ne fait pas d’efforts »[9].
De ses six frères et sœurs, un a déjà été condamné à de la prison ferme.
Il a été arrêté dans la nuit du 22 au 23 février 2006 à Abidjan par les gendarmes ivoiriens. Ses avocats ont essayé, sans succès, de s’opposer à son extradition en arguant de sa nationalité ivoirienne. Il a finalement été extradé le 4 mars[11]. Fofana a reconnu avoir prémédité l’enlèvement d’Halimi depuis décembre 2005, lors d’un séjour en prison, l’avoir séquestré, lui avoir porté plusieurs coups de poignard, et avoir donné l’ordre de le « saigner » car ne pouvant plus le garder. Il se serait ravisé et aurait ordonné qu’on le « lave » (à l’acide, afin d’effacer toute trace d’ADN), cependant il nie l’avoir tué et charge ses complices sur ce point[12].
Trois jours après la mort d’Ilan Halimi, alors qu’il se trouvait encore à Abidjan, il a appelé le père de la victime pour lui demander s’il était content. Il appellera également la petite amie d’Ilan Halimi, pour la menacer.[réf. nécessaire]
En mai 2006, Youssouf Fofana contacte son avocat Me Philippe Missamou et lui demande de lui servir d’intermédiaire auprès des maisons d’édition pour publier un livre relatant ses mémoires sur l’affaire[13].
Le 30 novembre 2006, une enquête pour « outrage à magistrat » est ordonnée à son encontre, suite à un courrier menaçant et insultant qu’il avait envoyé à la juge d’instruction Corinne Goetzmann. Il sera condamné pour ces faits à une année de prison. Fofana a été incarcéré dans plusieurs établissements de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et de Lille. Il a notamment fréquenté les établissements pénitentiaires de Villepinte, Amiens, Compiègne, Lille-Sequedin. Il est considéré comme un détenu ingérable du fait des nombreuses pathologies mentales dont il souffre. Il est peu respecté et mal considéré par ses codétenus, qui le méprisent. Fofana est connu pour faire du prosélytisme islamique en détention.
Autres membres du gang
Christophe Martin-Vallet
Christophe Martin-Vallet, dit « Moko », féru d’informatique, aurait suggéré l’idée des rapts et aurait organisé les opérations de séduction des rabatteuses. Il aurait également amené Emma à son rendez-vous avec la victime et l’aurait reconduite une fois la victime capturée[14],[15]. Il est également accusé de viol avec Fofana, par un des « appâts ». Il aurait participé à six tentatives d’enlèvement.
Jean-Christophe G.
Jean-Christophe G., « JC », « Zigo », mineur au moment des faits, violent, ce serait lui qui aurait torturé Ilan Halimi, lui aurait écrasé un joint sur le front et lui aurait donné des gifles et des coups de manche à balai. Il fut exclu en classe de quatrième du collège Béranger à Paris, et avait déjà été interpellé pour vol de lecteur MP3 et possession de cannabis. Il aurait acheté quelques provisions (protéines liquides, pailles et ciseaux). Il témoigne :
« La victime a sans doute fait du bruit ou gémi, et comme je fumais un joint, j’ai appuyé un court instant ma cigarette au milieu de son front. J’ai ensuite écrasé mon mégot au sol. »[réf. nécessaire]
Samir Aït Abdelmalek
Samir Aït Abdelmalek, dit « Smiler », père de trois enfants, déjà condamné pour des affaires de drogue et de vol de voiture, aurait fourni l’appartement de la séquestration à Bagneux, avant qu’Ilan Halimi ne soit séquestré dans la chaufferie de l’immeuble[réf. nécessaire]. Samir est aussi considéré comme le bras droit de Youssouf Fofana qu’il connaissait depuis dix ans. Il aurait fourni l’acide et donné un coup de cutter à la victime. Il était prévu qu'il touche 1 500 euros pour ses prestations.
Dans le procès-verbal du 18 février 2006 de son interrogatoire par la brigade criminelle de Paris, Samir Aït Abdelmalek, déclare à propos d'un des actes de torture (destiné à produire une image) : « J’ai sorti la lame de cutter et après qu’il a mangé et bu, j’ai cherché un endroit où lui mettre un coup de cutter pour que ça saigne sans lui faire trop mal. Je ne voulais pas toucher à l’adhésif qui l’empêchait de hurler. Sans prévenir Ilan pour qu’il ne stresse pas, je lui ai mis un coup de cutter sur cinq ou six centimètres sur la joue gauche. Malgré le sparadrap, cela a saigné vite dans sa barbe qui n’avait pas été rasée. »
À propos de la mort d'Ilan Halimi sur le bord d'une ligne de chemin de fer, le policier qui interroge le jeune homme poursuit : « “À ce moment, m’a-t-il expliqué, Ilan avait réussi à relever son bandage sur les yeux. Du coup, Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l’autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d’essence car il m’a dit qu’il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l’a incendié sur place. À ce moment il m’a dit : ‘Cela a fait une grande flamme et je suis parti.’” »
Yahia Touré Kaba
Yahia Touré Kaba, alias « Yaks », analphabète, aurait été geôlier deux semaines et demie. Il aurait coupé les cheveux de la victime et fourni deux autres amis pour sa relève, « Fabrice » et « Baba ».
Il a témoigné en expliquant à propos de l’otage : « Il pissait dans une bouteille et faisait caca dans un sac en plastique. »[réf. nécessaire] Il serait impliqué dans une précédente tentative d’enlèvement.
Fabrice Polygone
Étudiant en BTS, il aurait été geôlier pendant toute la séquestration, et aurait aussi aidé à couper les cheveux de la victime. Il explique ce qui s’est passé la veille de la mort d’Ilan Halimi :
« Dos contre le mur, jambes un peu repliées vers le torse, il était en peignoir. J’ai vu nettement des traces d’éraflure ou de frottement sur le côté gauche de son torse, un peu partout, vers les côtes, le cou, la poitrine. Ça ne saignait pas. »
« Nabil, Zigo et moi, on devait le laver avec de l’eau, du gel douche qui se trouvait sur place et des gants de toilette. Je lui ai coupé les cheveux. Zigo et Nabil ont trouvé que ce n’était pas assez court et ils ont essayé de lui raser les cheveux avec un rasoir mécanique à deux lames, noir ou bleu. »
Jérôme Ribeiro
Jérôme Ribeiro, alias « Coup de Tête », issu d’une famille de six sœurs et frères, n’avait plus de travail depuis la mi-décembre 2005. Il était manutentionnaire intérimaire. Soupçonné d’avoir participé à l’élaboration du projet d’enlèvement et « Il était plus qu’un geôlier », selon une source judiciaire. Son témoignage aurait permis aux enquêteurs de remonter à d’autres membres du gang. Il a quitté le groupe à la fin du mois de janvier 2006. Des autocollants antisémites et des documents à la gloire des nazis ont été découverts dans l’appartement où il avait vécu. Il déclare :
« Il [Fofana] m’a demandé si je voulais me faire beaucoup d’argent, j’ai répondu oui. Il m’a indiqué qu’il suffirait de garder trois jours un homme. »[réf. nécessaire]
Il a été impliqué dans une autre tentative d’enlèvement : chargé de brûler un véhicule pour faire diversion, il se brûlera au cou et au visage.
Giri Oussivo N'Gazi
Ami de Jérôme, il aurait été geôlier.
Francis Oussivo N'Gazi
Francis N’Gazi aurait lui aussi été geôlier, et aurait fourni son appartement pour les réunions de groupe. Il est voisin de l’appartement des Fofana. Il aurait également fourni d’autres « filles-appâts » à Youssouf Fofana dans une autre affaire.
Nabil Moustafa
Nabil Moustafa, alias « Bilna », livreur de pizzas et footballeur, aurait été geôlier et aurait amené Cédric dans le groupe.
Il témoigne : « Lorsque j’ai soulevé sa couverture, j’ai vu des taches de sang sur son pyjama avec des trous, au niveau des jambes et du ventre. Quand on l’a déshabillé, j’ai vu des plaques rouges sur son ventre (…), ça ressemblait un peu à des brûlures. »[réf. nécessaire]
« On a dit qu’on en avait assez. Le boss a réfléchi et il a décidé qu’il n’y avait plus que ce soir-là, que l’autre devait dégager. »[réf. nécessaire] Il serait également impliqué dans une autre tentative d’enlèvement.
Cédric Birot Saint-Yves
Cédric Birot Saint-Yves, alias « Babas », ami de Nabil, aurait été geôlier. Il déclare :
« Dès le premier jour, j’ai pu constater que l’otage présentait des traces de brûlure par mégots au niveau des côtes et du dos. »
Les coups auraient débuté après un premier échec de remise de rançon.
« Tous les quatre, Nabil, Yahia, Jérôme et moi, nous lui avons mis des tartes quand il gémissait pour avoir des cigarettes (…) Il m’est arrivé aussi de lui mettre de petits coups de balai sur les jambes, cuisses ou mollets. »
Il est mis en examen pour séquestration, actes de torture et de barbarie.
Le 5 janvier 2009, il est condamné par le tribunal de Créteil à cinq mois de détention ferme pour avoir utilisé un téléphone portable dans l’enceinte de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) où il était incarcéré. Sa sœur cadette s'est vu infliger une peine de deux mois avec sursis pour lui avoir fait passer la puce électronique.
Gilles Serrurier
Âgé de 39 ans au moment des faits, il était le gardien de l’immeuble où fut séquestré Ilan Halimi. Il aurait prêté à ses bourreaux l’appartement, ou du moins la chaufferie où ils l’ont torturé. Ancien enfant de la DDASS, endetté par un divorce selon un locataire[16], père de deux enfants, il aurait notamment remis les clefs de la chaufferie à Samir.
Il est incarcéré pour « complicité de séquestration en bande organisée ».
Jean-Christophe Soumbou
Jean-Christophe Soumbou, alias « Marc », alias « Crim », alias « Craps » : ancien codétenu de Youssouf Fofana, il fait un séjour à la prison de Nanterre, où il était incarcéré pour vol avec violence. De corpulence musclée, il se rendra le 10 avril 2006 sous la pression exercée par la police sur son entourage. Il reconnaît avoir recruté deux hommes de main et fourni la voiture utilisée pour enlever la victime. Refusant de dévoiler le nom de ses deux complices, au motif que cela le mettrait en danger lui et sa famille, ceux-ci ne seront pas arrêtés.
Il a été placé en garde à vue après sa déposition. Il est également impliqué dans d’autres tentatives d’enlèvement.
Franco Louise
Franco Louise, alias « Pak-Pak », originaire de l’île Maurice[17], ancien champion de France de boxe thaïlandaise à 23 ans, serait impliqué dans trois tentatives d’enlèvement. Il aurait rendu service à Fofana après que ce dernier l’eut aidé à mener une expédition punitive suite à une agression dont il aurait été victime. Il sera interpellé en octobre 2005 lors d’une tentative d’enlèvement qui échoue, alors que Fofana parvient à s’enfuir.
Il n’est pas poursuivi dans l’affaire Halimi à proprement parler mais dans d’autres tentatives d’enlèvement, sous les ordres de Youssouf Fofana, jugées en même temps. Il a plaidé coupable pour avoir fourni des voitures à Youssouf Fofana.
Almane Diallo
Almane Diallo ou Alhassane, prêteur sur gages, soupçonné d’avoir pu servir d’intermédiaire dans le cas où une remise d’argent aurait été organisée. Il a été une des premières personnes arrêtées et mises en détention provisoire dans l’affaire.
Jérémy Pastisson
Il aurait participé à plusieurs tentatives d’enlèvement — dont une échouera grâce à l’intervention des voisins : le 5 janvier 2006, Mickael Douïeb est menotté et attaqué à coups de barre de fer, et insulté parce que juif.
Son véhicule aurait servi à transporter Ilan Halimi.
Yassin N.
Il serait un homme de main recruté par Jean-Christophe Soumbou. Il s’est rendu à la police le 11 avril 2006 mais a été remis en liberté : il n’aurait pas participé au meurtre, ni au rapt d’Ilan Halimi.
Tiffenn Gouret
Elle aurait fourni des appâts à Fofana, qu’elle admire. C’est aussi l’ex-petite amie de Jean-Christophe G., et une amie d'Emma, qu’elle mettra en contact avec Fofana et qu’elle coachera pour son rôle d’appât. Elle recueille les confessions d’Emma (Yalda) après que cette dernière a attiré Ilan Halimi dans le guet-apens. Elle déclare :
« J’ai fait ça pour rendre service » [à Youssouf Fofana]. Lors d’une autre tentative d’enlèvement, elle fournira directement les coordonnées et les habitudes d’un de ses camarades. Après l’enlèvement, elle conseillera à Emma de se teindre les cheveux. Elle lui répète que « ce n’est pas grave ».
Emma (Yalda)
Elle a servi d’appât pour piéger Ilan Halimi le 20 janvier.
D'origine iranienne et mineure au moment des faits, « Yalda se disant Emma » est arrivée en France à l'âge de 11 ans en 1998. Sa mère (infirmière) est réfugiée politique et son père est décédé dans un accident de voiture en Iran. Emma, dont la sœur est handicapée mentale (handicap qui aurait été causé par la maltraitance du père violent), est instable et immature. En 2001, à l'âge de 14 ans, elle a été violée par trois garçons, mais sa mère a retiré sa plainte après avoir appris que sa fille aurait été consentante selon les déclarations des trois auteurs. Suivie par un juge pour enfants de Bobigny et des éducateurs spécialisés, elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Élève de seconde à l’internat de Thiais, dans le Val-de Marne, multiredoublante, elle est considérée comme une élève médiocre. Après avoir rencontré Fofana et être devenue la maîtresse de plusieurs voyous du gang des barbares (ce qu'elle a toujours nié), il lui aurait déclaré : « Avec toi, je peux faire des merveilles », avant de lui montrer les boutiques « juives » du boulevard Voltaire, à Paris. Séductrice et influençable, Emma « aime plaire », ont affirmé les experts psychiatres. Avec le chef de clan dominateur, elle s'est sentie « valorisée ».
Elle a reconnu avoir servi d’« appât » pour amener Halimi dans leur repaire. Elle a également reconnu s’être rendue dans la boutique de téléphonie où travaillait Ilan Halimi, et lui avoir demandé son numéro de téléphone, avant de lui fixer un rendez-vous à Sceaux dans le sud de Paris avant de l'entraîner à Bagneux où « deux ou trois gros bras », dont Fofana, ont maîtrisé Ilan Halimi avant de le séquestrer.
Elle rapporte aux enquêteurs ce témoignage à propos de Youssouf Fofana : « D’après lui, les Juifs étaient les rois, car ils bouffaient l’argent de l’État et lui, comme il était noir, était considéré comme un esclave par l’État. »
Elle déclare aussi : « Youssouf, il explique tellement bien les choses qu’on dirait qu’il n’y a rien de grave. »
Lorsque la juge d’instruction lui demande : « Avez-vous conscience que c’est vous et bien vous seule qui avez choisi la victime ? » Elle répond : « Oui. » La jeune fille, qui dément avoir été l’ex-petite amie de Fofana (comme il l’affirme), nie avoir touché de l’argent (malgré la promesse de 3 000 à 5 000 euros) pour avoir participé à la séquestration d’Ilan Halimi. En revanche, elle a bénéficié d’une nuit d’hôtel 3 étoiles (108 euros), payée par Fofana en remerciement, pour elle et son ami Samir, le soir de l’enlèvement. En prison, elle aurait effectué trois tentatives de suicide. En octobre 2007, elle a été hospitalisée pour une tentative de suicide dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne)[18].
Elle avait été mise en examen pour « complicité[pas clair][réf. nécessaire] » et « association de malfaiteurs ».
En février 2008, Emma a écrit aux parents de la victime pour leur confier son sentiment de culpabilité, assurant : « Je souffre tellement de vous avoir fait autant de mal. » Pendant son procès, les proches du jeune supplicié espéraient qu'elle autoriserait la levée des mesures de publicité restreinte auxquelles était soumise l'audience parce qu'elle était mineure à l'époque des faits. Mais son avocate, Me Dominique Attias, a signifié un refus : « Les débats, qui seront sûrement extrêmement douloureux, doivent se dérouler dans la sérénité[19]. » Aux enquêteurs, puis aux psychiatres, l'adolescente a tenté d'expliquer, sans émotion particulière, pourquoi elle s'est retrouvée à jouer un rôle de premier plan dans le rapt d'Ilan pour « rendre service » — et contre la promesse de 5 000 euros.
Audrey Lorleach
Audrey Lorleach, dite « Léa » ou « Natacha », aurait servi auparavant d’« appât ». Jeune étudiante en assistance médicale, elle est la petite amie clandestine de Jérôme Ribeiro. À la recherche d’un plan pour gagner de l’argent, ce dernier la présente à Fofana, qui la recrute pour servir d’appât. Ses deux tentatives pour aguicher des jeunes hommes n’aboutissent pas, et Fofana, non sans avoir insisté, abandonnera l’idée de recourir à ses services. Mise au courant de l’enlèvement d’Ilan Halimi par son ami Jérôme, elle ne se signale à la police que deux jours après l’annonce de la mort du jeune homme. Elle est très amie avec Murielle, qui l’a poussée à se dénoncer. Elle a retrouvé la liberté après neuf mois de détention provisoire.
Sabrina Fontaine
Amie de Franco Louise, elle serait impliquée dans une tentative d’enlèvement ayant eu lieu en octobre 2005. Elle est interpellée peu après le passage d’un véhicule de police qui met la tentative d’enlèvement en échec.
Ruth
Présentée par Tiffen à Fofana, et âgée de 15 ans au moment des faits supposés, elle aurait aussi servi d’appât ; avec l’argent versé par Fofana (80 euros) pour avoir obtenu un numéro de téléphone, elle se serait acheté des bottes.
Sarah
Elle aussi aurait servi d’appât et aurait tenté (en vain) de séduire une proie rencontrée par Alexandra au Queen.
Autres personnes impliquées
Alcino Ribeiro
Père de Jérome Ribeiro, ce maçon de 52 ans, et sa belle-mère, sont accusés par sa copine Leila, de les avoir dissuadés de parler, en leur conseillant de faire profil bas. Alcino Ribeiro a comparu libre au procès.
Le procureur a requis une peine ferme symbolique à son encontre, « parce que c’est le seul adulte qui avait une autorité, qui savait, mais qui n’a rien dit ».[réf. nécessaire]
Christine G.
Gardienne d’immeuble, c’est l’épouse d’Alcino Ribeiro. Elle est aussi accusée de n’avoir pas dénoncé les faits.
Murielle Izouard
Amie d’Audrey, elle ne semble pas faire partie des opérations mais a été inculpée de « non-dénonciation de crime ».
Elle s’est indignée des aveux de son amie et lorsqu’elle a reconnu le portrait-robot d’Audrey dans les journaux, elle l'a immédiatement alertée.
« Je n’ai rien dit, car je n'y croyais pas. »
En revanche, elle a poussé Audrey à se dénoncer.
Admissible à l’écrit au concours de gardien de la paix, elle n’a pas pu passer l’oral, ayant été mise en examen pendant cette période.
Incarcérée provisoirement, le juge des libertés a ordonné sa libération.
Leila Appolinaire
Petite amie régulière de Jérôme Ribeiro, elle fut mise au courant des faits, mais les parents de Jérôme l’auraient dissuadée de les dénoncer pour que Jérôme ne soit pas le seul à porter le chapeau.
Alexandra Sissilia
Elle aurait servi d’appât précédemment et a déclaré avoir été violée par Youssouf Fofana, Christophe Martin et Jérôme Ribeiro — une instruction sur cette agression a été ouverte par le parquet de Paris en mai 2006 et sera conclue par un non-lieu.
Elle aurait été impliquée dans une autre tentative d’enlèvement, sur Michael D., le 6 janvier 2006, qui aurait échoué grâce à des passants. Elle n’aurait plus agi pour le groupe à partir de cette date. Elle a également été mise en détention provisoire.
Isabelle Mensah
Isabelle Mensah, confidente de Yalda, âgée de 18 ans au moment des faits, et dans le même lycée que Tiffen, était au courant des faits mais ne les a pas dénoncés. Elle témoigne : « Pour moi, c’est un truc de malade. J’y ai cru, mais je ne réalisais pas[20]. »
Arrestation de Youssouf Fofana
Youssouf Fofana, qui s’est réfugié en Côte d’Ivoire le 15 février, revendique une prétendue nationalité ivoirienne pour s’opposer à son extradition vers la France. Visé par un mandat d’arrêt international, il est arrêté à Abidjan le 22 février et incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Youssouf Fofana s’était attaché les services de cinq avocats ivoiriens, qui avançaient que ce jeune Français de 26 ans, né en France, avait la double nationalité, son père étant ivoirien.
Si ce fait avait été avéré, cela aurait effectivement bloqué l’extradition, la Côte d’Ivoire n’extradant pas ses ressortissants. Selon Francis Szpiner, l’avocat de la famille de la victime, il s’agit d’« une affaire très simple » : Youssouf Fofana, né dans l’Hexagone, ne s’est jamais « prévalu » de la nationalité ivoirienne, c’est « un citoyen français. Il est entré en Côte d’Ivoire avec un passeport français. Il était muni d’un visa, ce que tout étranger fait lorsqu’il veut rentrer dans un pays, et c’est donc un Français qui est en fuite ».
Le 2 mars 2006, la justice ivoirienne autorise l’extradition vers la France du principal suspect dans l’affaire du « gang de Bagneux ». Aucun recours n’est possible sur la décision judiciaire rendue par la chambre d’accusation d’Abidjan, réunie à huis clos. L’extradition devient exécutoire lorsque le président ivoirien Laurent Gbagbo signe le décret après quelques interventions politiques très insistantes[réf. nécessaire]. La France affrète alors un Airbus A310[21] avec une dizaine de gendarmes en tenue de combat pour rapatrier Youssouf Fofana sous très haute sécurité. Le 5 mars 2006, Fofana voyage six heures allongé, face contre le plancher de l'avion, menotté et entravé au sol, les chaussures des gendarmes en pression sur le visage, sur les chevilles, afin d'empêcher tout mouvement, toute parole, tant son attitude a été négative.[réf. nécessaire] « Cette solution extrême n'était pas envisageable dans un avion de transport commercial, même vide. Mais nous n'avons pas eu le choix. Seul un avion militaire, non soumis aux même règles et conditions de sécurité, nous permettait de rapatrier un mis en cause aussi incontrôlable », selon le témoignage anonyme d'un gendarme au cours du procès en appel de décembre 2010. À l'avocat de Fofana qui se plaignait du traitement inhumain infligé à son client, le responsable du dispositif policier a déclaré au tribunal : « Fofana n'a pas reçu de coups car nous avons agi en professionnels, mais son attitude (outrages permanents contre nous, contre la France, contre Israël, les Juifs, ainsi que des violences qu'il a tenté de nous infliger sans succès au cours du transfèrement et de l'embarquement) ne méritait pas autant d'égards. Cependant nous avions des instructions et nous savions que nous étions attendus à l'arrivée. »
Youssouf Fofana est aussitôt mis en examen pour « association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration en bande organisée avec actes de tortures et de barbarie, assassinat » avec circonstance aggravante de faits commis « en raison de l’appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » par les juges Corinne Goetzmann et Baudoin Thouvenot.
Procès en première instance
Le procès s’ouvre le 29 avril 2009 et dès la première audience, Youssouf Fofana se livre à des provocations. Il arrive tout sourire et lance, le doigt en l’air, un « Allah vaincra ». Lorsqu’on lui demande son identité et sa date de naissance, il répond « arabe africain islamiste salafiste » et donne le 13 février 2006 à Sainte-Geneviève-des-Bois, date et lieu de la mort de sa victime Ilan Halimi. Le procès est tenu selon les règles de publicité restreinte[22], car certains des accusés étaient mineurs au moment des faits[23].
Youssouf Fofana est condamné le 11 juillet 2009 à la peine maximale en droit français pour ce crime, soit la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. Il décide de faire appel de cette condamnation mais se rétracte finalement peu après, cette condamnation a perpétuité devenant définitive[24]. Les autres verdicts vont de 18 ans de prison ferme à l’acquittement.
À la demande de Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, le parquet a fait appel pour les condamnations inférieures aux réquisitions de l’avocat général[25] soit 14 sur 27.
Verdict par accusé en première instance
Nom | Réquisitoire (1er juillet 2009) | Verdict[26] (11 juillet 2009) | Après le premier procès |
---|---|---|---|
Youssouf Fofana | Perpétuité + 22 ans sûreté | Perpétuité + 22 ans sûreté | Décision définitive |
Samir Aït Abdelmalek | 20 ans ferme | 15 ans de prison | Appel du parquet |
Jean Christophe Soumbou | 20 ans ferme | 18 ans de prison | Appel du parquet |
Jean Christophe G.[27]. | 15 ans ferme[28] | 15 ans de prison | Décision définitive |
Emma (Yalda)[29] | 10 - 12 ans ferme[30] | 9 ans de prison | Appel du parquet |
Cédric Birot Saint-Yves | 12 ans ferme | 11 ans de prison | Appel du parquet |
Fabrice Polygone | 12 ans ferme | 11 ans de prison | Appel du parquet |
Yayia Touré Kaba | 12 ans ferme | 11 ans de prison | Appel du parquet |
Nabil Moustafa | 13 ans ferme | 13 ans de prison | Décision définitive |
Tifenn Gourret | 10 ans ferme | 9 ans de prison | Appel du parquet |
Franco Louise | 8-10 ans ferme | 5 ans de prison | Appel du parquet |
Christophe Martin-Vallet | 8-10 ans ferme | 10 ans de prison | Décision définitive |
Francis Oussivo N'Gazi | 6-8 ans ferme | 7 ans de prison | Décision définitive |
Guiri Oussivo N’Gazi | 5-7 ans ferme | 6 ans de prison | Décision définitive |
Jérémy Pastisson | 5-7 ans ferme | 3 ans de prison | Appel du parquet |
Jérôme Ribeiro | 12 ans ferme[31] | 10 ans de prison | Appel du parquet |
Gilles Serrurier | 10 ans ferme | 9 ans de prison | Appel du parquet |
Alexandra Sisilia | 8-10 ans ferme | 8 ans de prison | Décision définitive |
Alhassane D | 5 ans sursis | Acquitté | Appel du parquet |
Kamel F. | 5 ans avec sursis | Acquittée | Décision définitive |
Alcino Ribeiro | 1 an ferme | 8 mois de prison | Appel du parquet |
Audrey Lorleach | 3 ans dont 28 mois de sursis | 2 ans de prison, dont 16 mois avec sursis | Appel du parquet |
Muriel Izouard | rien | Acquittée | Décision définitive |
Leila Appolinaire | Acquittée | 6 mois de prison avec sursis, avec effacement du casier judiciaire | Décision définitive |
Christine G. | 1 an de sursis | 6 mois de prison avec sursis | Décision définitive |
Isabelle Mensah | 18 mois sursis | 6 mois de prison avec sursis | Décision définitive |
Sabrina Fontaine | 5 ans ferme | 3 ans de prison | Appel du parquet |
Contextes politique et sociologique
L’écho dans les médias et les réactions politiques ont été rapides et indignées. L’idée d’un développement de l’antisémitisme en France a longtemps été évoquée. Cette circonstance aggravante d’antisémitisme a été retenue par les deux juges chargés de l’instruction du dossier[32].
Réactions politiques
- La majorité des associations et des personnalités politiques condamnent ce meurtre. Le mardi 21 février 2006, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy déclare que, bien que ce meurtre ait eu pour motivation première l’extorsion d’argent, le choix d’une cible juive dénote un « antisémitisme par amalgame ».
- Julien Dray, élu du Parti socialiste, considère que ce meurtre est dû à un un climat d'antisémitisme que, selon lui, Dieudonné a contribué à créer. Celui-ci, qui poursuit Julien Dray en diffamation, est débouté par le tribunal correctionnel de Paris le 17 juin 2008.
- Le jeudi 23 février, une cérémonie est organisée à la mémoire d’Ilan Halimi à la synagogue de la Victoire à Paris en présence notamment de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin.
- Une manifestation est organisée le dimanche 26 février 2006 à l’appel de différentes associations dont la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), SOS Racisme, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui appellent à une mobilisation de tous les Français. Le gouvernement est représenté par Nicolas Sarkozy, Philippe Douste-Blazy et Catherine Colonna. Les principaux partis démocratiques français (UDF, UMP, PS, Les Verts) participent à cette manifestation.
Le MRAP retire son soutien à cette manifestation en raison de la présence annoncée du Front national et du Mouvement pour la France, car, pour cette association, cela mettait « en lumière le caractère ambigu de cette manifestation et son instrumentalisation politique »[33]. Interviewé par le journal 20 minutes à ce sujet, le vice-président de SOS Racisme, Patrick Klugman, déclare que de la part du MRAP « cet argument est crapuleux » et qu'il « n’est pas nouveau qu'il y a un malaise au sein de ce mouvement sur les questions de l'antisémitisme ».
Réactions publiques
Dès le soir du verdict, des voix s'élèvent pour le contester[34].
L’avocat Patrick Klugman critique le choix comme avocat général de Philippe Bilger dont il note : « [Ce] choix n’était certainement pas innocent. On lui concédera volontiers d’immenses qualités sans pour autant ignorer qu’il est l’un des plus farouches adversaires de la loi Gayssot »[35]. Dans un article publié par Le Nouvel Observateur le 23 juillet 2009, l’avocat Francis Szpiner qualifie l’avocat général, dont le père fut collaborateur, de « traître génétique », d’où la demande du procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, au bâtonnier de Paris, Christian Charrière-Bournazel, d’engager des poursuites disciplinaires à l’encontre de Francis Szpiner[36].
Les avocats des accusés critiquent Me Szpiner : « Comment admettre que ce même avocat se soit targué pendant toute l’audience et lors de sa plaidoirie du fait qu’il ferait changer la loi, pour imposer une audience publique [en appel] ? » Une proposition de loi permettant aux cours d’assises de choisir entre un procès privé ou public lorsque des mineurs sont en cause a été déposée le 8 juillet par Jack Lang (PS) et par François Baroin (UMP), alors que la publicité restreinte est obligatoire si des mineurs sont jugés, sauf si ces accusés y renoncent[37].
Hommages
La chanson « Ça fait mal » de Frédéric Lerner rend hommage a Ilan Halimi. En outre, le roman Tout, tout de suite, de Morgan Sportès, est fortement inspiré de l'affaire.
Notes et références
- ↑ « Autopsie : pas de mutilation », dans Libération, 26 février 2006 [texte intégral]
- ↑ « Youssouf Fofana entendu pendant deux heures au Palais de justice de Paris », Le Monde, 5 avril 2006.
- ↑ (en)Paris Kidnap Gang Suspect Arrested in Ivory Coast - World - Times Online, 23 février 2006.
- ↑ (en)Parisians Stare at the Evil Within - Los Angeles Times, 26 février 2006.
- ↑ « 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi », Jerusalem Post édition française, 3 mai 2009.
- ↑ La mort d'Ilan Halimi, un crime de notre temps, France-culture, Répliques, 1er octobre 2011
- ↑ Selon Valérie Lecasble, directrice de I>Télé dans l’émission Plus clair du 4 mars 2006 sur Canal+
- ↑ Fofana aggrave encore son cas face à la justice
- ↑ a et b « Youssouf Fofana, petit caïd obsédé par l’argent », Libération, 29 avril 2009.
- ↑ Libération
- ↑ yahoo
- ↑ yahoo
- ↑ Archives
- ↑ LeMonde.fr : « La composition de la bande se précise, poursuite des interrogatoires de Fofana », 27 février 2006
- ↑ Libération, 1er mars 2006
- ↑ « Les habitants alertaient le bailleur depuis un an », L'Humanité, 27 février 2006.
- ↑ (fr)« Un Mauricien dans le gang des barbares », dans Le Quotidien de la Réunion, 16 juillet 2009 [texte intégral (page consultée le 16 juillet 2009)]
- ↑ Le Figaro
- ↑ Le Figaro, 29 avril 2009.
- ↑ Article du Monde d’Ariane Chemin, 28 mars 2006.
- ↑ Extrait du 20 heures de France 2 sur l'extradition de Youssouf Fofana sur Dailymotion.
- ↑ Articles 14 et 20 de l’ordonnance du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante.
- ↑ Thierry Lévêque, « « Youssouf Fofana provoquant au procès du “gang des barbares” » » sur LeMonde.fr, 29 avril 2009. Consulté le 29 avril 2009.
- ↑ Associated Press, « « Mort d’Ilan Halimi : Youssouf Fofana fait appel » » sur Nouvelobs.com, 17 juillet 2009. Consulté le 29 juillet 2009.
- ↑ LeMonde.fr avec AFP, « “Gang des barbares” : 14 accusés seront rejugés en appel », 13 juillet 2009.
- ↑ Le procès Fofana. Le verdict, par Elsa Vigoureux, Le Nouvel Observateur, 11 juillet 2009.
- ↑ Mineur au moment des faits
- ↑ Avec le rejet de l’excuse de minorité.
- ↑ Mineure au moment des faits.
- ↑ Sans l’excuse de minorité.
- ↑ Bilger a demandé aux jurés qu’ils pouvaient aller un peu en dessous.
- ↑ « Entretien avec Alexandre Lévy : “Ilan Halimi était délibérément ciblé parce qu’il était juif” », LeMonde.fr, publié le 23 avril 2009, mis à jour le 28 avril 2009.
- ↑ Meurtre de Ilan Halimi : déclaration du MRAP, 24 février 2006.
- ↑ L'Invité d'Inter, 13 jillet 2009, vidéo
- ↑ « Oui, il faut rejuger les meurtriers d’Ilan Halimi », par Patrick Klugman, LeMonde.fr, 18 juillet 2009. Consulté le 27 juillet 2009.
- ↑ « Procès Fofana : le parquet général demande une enquête sur Me Szpiner », LeMonde.fr, 27 juillet 2009. Consulté le 27 juillet 2009.
- ↑ « Les avocats du “gang des barbares” mettent en cause Francis Szpiner », LeMonde.fr, 21 juillet 2009. Consulté le 27 juillet 2009.
Annexes
Bibliographie
- David Mascré, Des barbares dans la cité. Réflexions autour du meurtre d'Ilan Halimi, Éditions de l'Infini, Reims, 2009 (ISBN 978-2-918011-05-7).
- Émilie Frèche, La Mort d’un pote, Éditions du Panama, 2006 (ISBN 978-2-7557-0189-0).
- Adrien Barrot, Si c’est un juif. Réflexions sur la mort d’Ilan Halimi, éd. Michalon, Paris, 2007.
- Alexandre Lévy, Le Gang des barbares : chronique d’un fiasco policier, éd. Hachette, Paris, 2009 (ISBN 978-2-01-237262-7).
- Émilie Frèche et Ruth Halimi, 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi, Éditions du Seuil, Paris, 2009.
- Jérôme Deneubourg, Affaire Ilan Halimi. Les clefs du procès, Éditions du Cygne, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84924-133-2).
- Elsa Vigoureux, L'Affaire du gang des barbares, éd. Flammarion, Paris, 2010 (ISBN 978-2-08-124027-8).
- Morgan Sportès, Tout, tout de suite, éd. Fayard, Paris, 2011 (ISBN 9782213634340).
Liens externes
- Jacques Bellefroid, « Lettre à Georges Sebbag à propos des “Barbarians” et de la mort d’Ilan Halimi », février 2006.
- Ilan Halimi, le canari dans la mine, ouvrage collectif sous la direction de Yaël König, coédition Yago/Primo-Europe.org, 2006 et 2009.