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Loi des huit heures

- Wikipedia, 10/12/2011

La journée de 8 heures, ou revendication à travailler au maximum 8 heures par jour, est une revendication historique du mouvement ouvrier dans tous les pays.

Robert Owen réclame une journée de 10 heures dès 1810, qu'il impose dans sa colonie de New Lanark. En 1817, Owen invente le slogan : « 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de repos ». En Angleterre, les femmes et les enfants obtiennent la journée de 10 heures en 1847, tandis que les travailleurs français imposent la journée de 12 heures lors de révolution de février 1848. La journée de 8 heures est une revendication historique de la Première Internationale, créée en 1864 à Londres, qui l'inscrit à son programme dès 1866. Celle-ci est aussi à l'origine de la Fête des travailleurs le 1er mai, qui commence en Australie dès 1856.

Sommaire

Les huit heures en France

En France, cette revendication ouvrière devient loi après la Première Guerre mondiale et ses soubresauts révolutionnaires (en particulier la Révolution bolchévique), le 23 avril 1919[1].

Contexte

Grève pour les 8 heures de travail par jour (1906)

La journée de 8 heures est une vieille revendication ouvrière. Elle a été portée par la CGT et de nombreux députés socialistes, qui ont déposé plusieurs propositions de loi à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Mais aucun de ces projets n'aboutit : ils se heurtent en effet à l'intransigeance des différents présidents du Conseil, notamment Georges Clemenceau, surnommé « le Tigre » pour sa fermeté face aux mouvements ouvriers.

La Première Guerre mondiale et le contexte économique de reconstruction qui suit l'armistice de 1918 donne enfin l'occasion de faire aboutir cette revendication. Plusieurs arguments en faveur de la loi des 8 heures sont développés. L'afflux de main-d'œuvre provoqué par le retour des hommes du front fait craindre une montée du chômage, d'autant que les femmes, qui ont pris leur place pendant la guerre, se sont habituées à travailler. Pour enrayer la montée prévisible du chômage, la CGT et les socialistes proposent alors la réduction du temps de travail comme moyen de libérer des places : il s'agit de partager le travail. La mesure est donc présentée non seulement comme juste, mais également comme efficace sur le plan économique. Ces arguments (qui ne sont pas sans rappeler ceux développés lors du débat sur les 35 heures) seront cette fois-ci entendus par le gouvernement dirigé par Clemenceau, qui va inciter son ministre du Travail, Pierre Colliard, à déposer un projet de loi à la chambre.

Vote de la loi

Le contexte économique de l'après-guerre, propice aux revendications ouvrières en raison de la reconstruction du pays, permet le vote enthousiaste de la loi des 8 heures. Elle est adoptée le 23 avril 1919[1], non sans quelques péripéties, la Chambre et le Sénat s'opposant sur son principe.

Cette loi revêt une portée générale, elle s'applique aux salariés hommes et femmes. Elle énonce le principe de la journée de 8 heures et de la semaine de 48 heures, et consacre ainsi l'expression des « trois 8 » : 8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de sommeil pour l'ouvrier. L'ouvrier peut aménager son temps de travail de façon à bénéficier d'une journée et demie de repos : c'est ce qu'on appelle la « semaine anglaise » (week-end).

La loi précise en outre que la diminution du temps de travail n'implique pas une diminution de salaire. Elle prévoit également des dérogations à la journée de 8 heures lorsque certaines circonstances propres à l'activité en question le justifient. D'une façon générale, la loi est bien appliquée et permet de stimuler encore la forte productivité déjà induite par la reconstruction. Elle ne sera remise en cause qu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en raison de l'effort de guerre.


Notes et références

  1. a et b Michel Despax, Que sais-je? Le droit du travail, Presses Universitaires de France, 1996, p.6 (ISBN 2-13-044042-8)

Voir aussi


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