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Joseph Vacher

- Wikipedia, 16/01/2012

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Joseph Vacher

Portrait de Joseph Vacher après son arrestation
Information
Surnom(s) : L'Éventreur
Naissance : 16 novembre 1869
Beaufort, Isère (France)
Décès : 31 décembre 1898 (à 29 ans)
Bourg-en-Bresse (France)
Cause du décès : Décapitation
Condamnation : 28 octobre 1898
Sentence : Guillotine
Meurtres
Nombre de victimes : 11
Période : 20 mai 1894 - 18 juin 1897
Pays : France
État(s) : Isère, Var, Étaules, Savoie, Ain, Drôme, Ardèche, Allier, Haute-Loire, Rhône
Arrestation : 4 août 1897

Joseph Vacher, né à Beaufort (Isère) le 16 novembre 1869, et mort guillotiné à Bourg-en-Bresse le 31 décembre 1898. Surnommé le « Jack l'Éventreur du Sud-Est » par la presse, il est considéré comme l'un des premiers tueurs en série français reconnu par la justice, auteur présumé d'une trentaine d'assassinats dont l'égorgement d'au moins 20 femmes et enfants mutilés et violés, condamné à mort pour douze meurtres et guillotiné.

Sommaire

Biographie

Né dans une famille nombreuse de cultivateurs de l'Isère, puisqu’on dénombre pas moins de 15 frères et sœurs, Vacher est élevé dans une atmosphère teintée de mysticisme et de superstitions alimentée par sa mère, femme très dévote, régulièrement en proie à des visions et autres apparitions.

Enfant, le jeune Joseph se montre d’un caractère sournois et cruel, aimant souvent torturer les animaux. Il est aussi parfois pris de crises de démences durant lesquelles il brise tout ce qui est à sa portée. Également violent et doué d’une force surprenante, il n’hésite pas à frapper ses frères et sœurs (même les plus âgés), se montrant tout aussi brutal avec ses camarades d’école.

Puis, il commence à travailler à 14 ans lorsque sa mère meurt et débute vraisemblablement peu après sa carrière criminelle : le viol et le meurtre dans une grange de Joseph A., un enfant de dix ans, à Eclose dans l'Isère (dix années plus tard, on soupçonnera Vacher d’en avoir été l’auteur, ainsi que trois ou quatre crimes qui suivront et qui ne seront jamais élucidés, car il se trouvait dans la région à l'époque des meurtres).

À 16 ans, il entre comme postulant chez les Frères maristes de Saint-Genis-Laval. Il y reste deux ans et il y parfait son instruction, allant, semble-t-il, jusqu’à faire la classe aux enfants. Il est exclu à 18 ans pour indiscipline et immoralité se voyant notamment reprocher de se livrer à des actes homosexuels sur ses condisciples. Il restera néanmoins profondément marqué par ce passage chez les religieux.

Il retourne alors à Beaufort et s’adonne aux travaux des champs. C'est à ce moment qu'il tente d’abuser un jeune valet de ferme âgé de 12 ans. Puis il part pour Grenoble retrouver une de ses sœurs, devenue prostituée, et que l'on a surnommée « kilomètre » à cause de ses talents de «  marathonienne des trottoirs »[1].

En 1888, il travaille dans une brasserie de Grenoble et fréquente les prostituées. Il contracte alors une maladie vénérienne qui l’amène à subir une intervention chirurgicale à Lyon durant laquelle on lui enlève une partie des testicules. Cette opération castratrice va le traumatiser.

Lors de son service militaire, il est envoyé le 15 novembre 1890 au 60e régiment d'infanterie de Besançon où il reste jusqu'en 1893. Durant sa période militaire, il subira des brimades et « bizutages » de la part de ses camarades plus anciens. Ces derniers, ainsi que ses supérieurs le décrivent comme psychiquement troublé, atteint d'idées noires et de délire de persécution. Bien que classé quatrième de sa promotion à l’école des élèves caporaux, il est néanmoins éliminé, car « inapte au commandement », selon les sergents-instructeurs, ce qui suscite chez lui une nouvelle source d’amertume et de colère. Pour protester contre cette injustice, Vacher tente de se trancher la gorge et est envoyé à l’infirmerie, où il subit son premier examen mental. Le colonel venu lui rendre visite, l’interroge. L’ayant jugé apte au grade de caporal, il lui accorde finalement son galon. Une fois sorti de l’infirmerie, Vacher montre une aptitude certaine au commandement, même s’il est trop autoritaire. Ses qualités lui permettent d’être rapidement nommé sergent.

« Le réveil de Vacher. »
Joseph Vacher le jour de son exécution.
Le Petit Journal. 15 janvier 1899.

C'est durant cette période également qu'il rencontre à Besançon une jeune cantinière Louise Barrand. En 1893, libéré de la vie militaire, il la rejoint à Baume-les-Dames et la demande en mariage le 25 juin 1893. Face au refus de cette dernière qui est tombée amoureuse d’un autre soldat, il tire sur elle 3 coups de revolver (elle n'est que blessée) avant de tenter de se suicider en se tirant deux balles dans la tête : l'une d'elle pénètre par l'oreille droite et provoque la surdité totale de ce côté ainsi qu'une paralysie du nerf facial droit. De cet incident Joseph Vacher aura presque toujours la tête couverte d'un bonnet. Il est révoqué de l'armée dans l'attente de son procès.

Considéré comme irresponsable car psychiquement atteint (crises de paranoïa, hallucinations), il passe plus de six mois à l'asile de Dole, dans le Jura, où il est fort peu soigné. Il tente en outre à de multiples reprises de s'en échapper. Libéré car considéré guéri, il passe par des crises de folie meurtrière au cours desquelles il viole, éventre, mutile des bergers et des bergères, en majorité des adolescents (premier meurtre avoué d'Eugénie Delomme le 19 mai 1894), ne prenant même pas la peine de dissimuler les cadavres. Pendant 3 ans, il échappe à toute enquête en se déplaçant beaucoup (jusqu'à 60 km par jour à pied), le vagabond vivant de petits boulots de ferme en ferme.

Il traverse ainsi la France, de la Normandie au Tarn, via la Bourgogne et la vallée du Rhône, tuant et violant impunément pendant trois ans. Il est arrêté en flagrant délit d'« outrage aux bonnes mœurs » le 4 août 1897 à Champis (Ardèche) en tentant d'agresser une fermière, Mme Plantier : il s’était jeté sur elle, armé de son couteau. Celle-ci est sauvée par son mari (aidé de deux autres personnes) alerté par les cris de son épouse. Il est alors condamné à 3 mois de prison, mais le juge d’instruction local remarque que son physique correspond parfaitement au signalement de l'« Éventreur du Sud-Est » (surnommé aussi par la presse le « tueur de bergers ») recherché par le Juge d’instruction Émile Fourquet qui vient de prendre ses fonctions en avril 1897 à Belley dans l'Ain, alors que son emprise et ses errances passent pour l'essentiel par le nord-est de la France, la région du Rhône et de l'Ain. Il est donc conduit auprès de Fourquet par deux gendarmes. Le juge, en réalisant de grands tableaux décrivant tous les crimes similaires, se révèle comme un des premiers profileurs français[2].

Jugé dans une certaine hâte et sans tenir compte de ses graves antécédents médicaux (empoisonnement suivi d'une typhoïde), il est condamné à mort pour douze meurtres à l'âge de 29 ans seulement. On dit que la mort de son frère jumeau, alors qu'il avait un mois, a pu avoir un lien psychologique avec ses attitudes (volonté de tuer son double, ou bien croire que son double tuait et violait, orchestrait en quelque sorte l'esprit de Joseph Vacher). On peut le soupçonner d'au moins 31 viols (souvent post mortem) et meurtres au total, homicides qui pour la plupart étaient empreints d'une infinie violence (étranglement, membres ou tête coupés, séquelles physiques gravissimes). Il violait souvent ses victimes et a semblé avoir une prédilection pour les jeunes garçons de 13 ou 14 ans.

Le 28 octobre 1898, il est condamné à mort par les assises de l'Ain. Il est guillotiné à Bourg-en-Bresse le 31 décembre 1898 par le bourreau Louis Deibler (dont ce fut la dernière exécution, sa démission devenant effective le 2 janvier suivant).

Les crimes avoués par Joseph Vacher

Notes et références

  1. Jean-Pierre Deloux, Vacher l’éventreur, E/Dite Histoire 2000, page 87
  2. Jacques Dallest, Joseph Vacher, éventreur de bergers au XIXe siècle, revue de science criminelle et de droit pénal comparé, N°3 , 2009, p. 565

Voir aussi

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Bibliographie

  • Laurent-Martin, Le roi des assassins, vie errante et mystérieuse de Vacher l'éventreur, documents inconnus et secrets, histoire de ses crimes, par Laurent-Martin, Paris, Librairie universelle, 1897, 288 p.
  • Édouard Toulouse, Le rapport des médecins experts sur Vacher par le docteur Éd. Toulouse, Clermont (Oise), impr. Daix frères, 1898, 4 p.
  • Charbonnier (avocat à Bourg), Documents sur l'état mental de Vacher condamné à la peine de mort par arrêt de la cour d'assises de l'Ain du 29 octobre 1898, réunis par M. Charbonnier, Grenoble, impr. de Allier, 1899, 46 p.
  • Alexandre Lacassagne, Vacher l'éventreur et les crimes sadiques, Bibliothèque de criminologie XIX, Lyon, A. Storck, 1899, IV-314 p.
  • Jean-Baptiste-Vincent Laborde, Étude psycho-physiologique, médico-légale et anatomique sur Vacher, Paris, Schleicher frères, 1900, 51 p.
  • Pierre Bouchardon, Vacher l'éventreur, Albin Michel, 1939, 252 p.
  • André Mure, Le monstre (affaire Vacher), Paris, Éditions de la Flamme d'or, 1954, 126 p.
  • René Tavernier, Henri Garet, Le juge et l'assassin, Paris, Presses de la Cité, 1976, 312 p.
  • Jean-Pierre Deloux, Vacher assassin : un serial-killer français au XIXe siècle, Paris, C. Vigne, 1995, 173-VIII p.
  • Jean-Pierre Deloux, Vacher l'éventreur, éditions E-dite, collection « Histoire », 2000, 189 p., ISBN 2-84608-026-7
  • Rémi Cuisinier, L'assassin des bergères, Lyonnais et Forez, s.d., 226 p.
  • Olivier Chevrier, Crime ou folie : un cas de tueur en série au XIXe siècle. L'affaire Joseph Vacher, Paris, L'Harmattan, collection « Sciences criminelles », 2006, 198 p.
  • Joseph Vacher, Écrits d'un tueur de bergers, édition établie et présentée par Philippe Artières, Lyon, À rebours, 2006, 157 p.
  • Gérard Corneloup, Joseph Vacher. Un tueur en série de la Belle époque, Brignais, Éditions des Traboules, 2007, 322 p.-XXXII p. de pl.
  • Émile Fourquet, Joseph Vacher l'éventreur, Lucien Souny, collection « Sortis de l'oubli », 2007, 382 p.
  • Philippe Artières, « Le gendarme, le photographe et le graffiti : retour sur l'affaire Joseph Vacher », in Jean-Claude Farcy, Dominique Kalifa, Jean-Noël Luc (dir.), L'enquête judiciaire en Europe au XIXe siècle, Paris, Éditions Créaphis, 2007, p. 295-301.

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