Guillaume Liborel
- Wikipedia, 23/01/2012
Guillaume-François-Joseph, baron Liborel. Avocat et homme politique français, connu pour sa rivalité avec Maximilien de Robespierre.
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Famille
Né le 29 octobre 1739 à Saint-Omer (Pas-de-Calais), mort dans cette même ville le 22 avril 1829.
Issu d’une famille de médecins et de juristes, bourgeois à Saint Omer, originaire de la petite noblesse du Ponthieu[1].
Fils d'un avocat homonyme d'Arras et de Marie-Caroline-Josèphe de Renty, son épouse.
Entre au collège des Jésuites en 1749 pour faire ses humanités ; poursuit une scolarité brillante (collège de Saint-Vaast puis université de Douai), et monte à Paris pour obtenir sa licence en droit (22 mai 1764).
Inscrit bourgeois d'Arras le 15 mars 1765.
Marié le 1er mars 1767 à Anne-Madeleine-Victoire-Thérèse Letombe, fille du doyen de la Chambre des notaires d'Arras, qui lui donna 17 enfants dont neuf survécurent.
Carrière
Reçu avocat au Conseil du roi le 24 mai 1764[2], il est inscrit au barreau épiscopal d'Arras, dont il devient rapidement l'un des ténors.
Il y appuie avec succès la candidature du jeune Maximilien de Robespierre, son lointain parent (1781).
Démêlés avec Robespierre
Toutefois, la gratitude de ce dernier se mue rapidement en une haine farouche: leur rivalité aurait vraiment débuté lors de l'affaire dite "du paratonnerre" (1783), si brillamment plaidée et remportée par le tout jeune avocat, que son parrain, représentant la partie adverse et le parti de la religion, en fut couvert de ridicule. Néanmoins, les arguments que Liborel aurait utilisés dans sa propre plaidoirie auraient à ce point blessé[3] le futur incorruptible que ce dernier n'hésita pas[4], une fois parvenu au pouvoir, à lancer le proconsul Le Bon à la recherche de son ancien protecteur pour le traduire au Tribunal révolutionnaire.
L'efficace Le Bon débusqua alors (trop) rapidement à Saint Omer[5] un juriste du nom de Liborel[6], qu'il fit condamner[7] et guillotiner en quatre jours, pour s'apercevoir après coup qu'il s'agissait en fait de l'oncle du proscrit, qui avait remplacé son neveu comme avocat et conseil à l'Abbaye de Saint-Vaast. Le Bon, prévenu à temps de la méprise, aurait tout de même envoyé l'infortuné se faire guillotiner à Cambrai (20 juin 1794), jurant de prendre sous huit jours le rival de Robespierre. Promesse jamais tenue puisque ce fut Le Bon qui fut arrêté deux jours après... Cette épreuve et son dénouement auraient durablement conforté Guillaume Liborel dans sa foi chrétienne[8]...
Emigration?
A la Révolution, l'ancien échevin[9] arrageois devient président du Directoire du district d'Arras (1791), puis émigre provisoirement[10] pour fuir la vindicte de Robespierre.
Retour dans la vie publique à la fin de la Terreur
À la chute du Comité de salut public, Liborel rentre (ou réapparaît) à Saint-Omer[11] pour en devenir président du tribunal (27 juillet 1794), puis député du Pas-de-Calais (4 octobre 1795), et, à ce titre, membre du Conseil des Anciens (1796 à 1799), dont il est plusieurs fois secrétaire[12] (à partir du 4 septembre 1797), se signalant par sa grande activité de législateur et de rédacteur[13]: il y combat avec succès, notamment, l'admissibilité des créances des émigrés[14].
Président de la section civile de la Cour de cassation
Nommé le 6 novembre 1799 à la Cour de Cassation, il y reste 15 ans, pour en présider plusieurs fois la section civile[15], les représentants en titre étant accaparés par la rédaction du Code civil.
Son parcours politique (quoique proche des idées nouvelles, il avait toujours blâmé l'exécution du couple royal et n'avait jamais abjuré son catholicisme, étant resté toujours extrêmement pieux[16]; il n'avait pas participé activement à l'aventure napoléonienne), sa contribution à la mise en place du nouveau système juridique français et sa fidélité à Louis XVIII durant les Cent-jours lui valurent en 1818 le titre de baron, avec institution de majorat[17].
Retraite pour grand âge
Retiré de la vie publique du fait de son âge[18] à partir du 15 février 1815, avec le titre de Conseiller honoraire, il participa néanmoins activement à la création de la Cour d'assises de Saint-Omer.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'Honneur le 26 octobre 1803[19]
- Chevalier de l'Empire (création du 26 avril 1808[20])
- Officier de la Légion d'honneur le 16 février 1815
- Baron (création du 29 juillet 1818[21])
Œuvres
- Mémoires du baron Liborel (non publiées à ce jour)
Notes et références
- ↑ L'ancêtre Henry Liborel (Liborelle), écuyer, est seigneur de Roussent (Rouhem), près de Montreuil. Son arrière-petit-fils devint par mariage seigneur de Mont-en-Béalencourt (Artois), où il s'installa. Appauvrie, la famille dérogea au début du XVIIe siècle, cultivant sa terre de Mont, quoique certains membres soient encore qualifiés d'écuyers.
- ↑ Il fait sa première plaidoirie deux jours plus tard...
- ↑ Ne serait-ce que parce que Liborel y plaidait comme représentant de l'évêché...
- ↑ Une explication, plus plausible, de l'origine sinon du renforcement de la haine du révolutionnaire pour son parrain proviendrait de ce que ce dernier aurait été sélectionné avec d'autres juristes d'Arras pour participer à une commission chargée de réformer (du moins de proposer des voies de réforme) le droit coutumier régional, commission dont l'incorruptible aurait été exclu d'office à cause de son intransigeance... A ses critiques (publiques), Liborel aurait répondu par une lettre publique particulièrement sévère à l'endroit de son jeune pupille, qui raviva leurs dissensions et alimenta la haine de Robespierre à l'endroit de son ancien parrain...
- ↑ Rebaptisée alors Morin-la-Montagne.
- ↑ Il s'agissait en fait de son oncle paternel, Ignace Liborel.
- ↑ L'acte d'accusation, rédigé à la hâte, mentionne que Liborel aurait correspondu avec les sujets des puissances étrangères et calomnié les patriotes...
- ↑ Mémoires, souvenirs et portraits, Alissan de Chazet, 1837
- ↑ Elu une première fois le 18 novembre 1774, puis le 21 avril 1764, et enfin le 15 avril 1788. A la disparition de l'échevinage, il fut élu conseiller municipal d'Arras le 25 janvier 1790. Il resta toujours très apprécié dans sa région.
- ↑ Information incertaine: certaines sources mentionnent qu'il se cacha dans la région de Calais.
- ↑ Nommé aussi président du district de Saint-Omer, il prononça un discours célébrant la disparition du régime de la Terreur qui marqua durablement ses auditeurs.
- ↑ Une de ses filles épousera d'ailleurs le fils du juriste Jacques de Maleville, lui-même membre du Conseil.
- ↑ Révolution française – Table alphabétique du Moniteur, de 1787 à l’an 8 de la République
- ↑ Vraisemblablement aussi pour des raisons personnelles, la rumeur l'accusant d'avoir bâti une solide fortune grâce aux biens nationaux : en effet, son acquisition à ce titre, le 14 février 1791, du château d'Arques-Saint Bertin et des biens de l'ancienne seigneurie se révéla une excellente affaire, Guillaume Liborel le revendant deux fois son prix huit ans plus tard.
- ↑ Il fut attaché à cette section en 1800-1803, 1807-1811 et 1813-1814.
- ↑ Sa longue carrière de juriste ayant d'ailleurs commencé au barreau épiscopal d'Arras.
- ↑ Sur la ferme de Villescamp (Lattre-Saint Quentin).
- ↑ Il exerçait encore dans l'année de ses 75 ans...
- ↑ Base Léonore: cote 1637/35
- ↑ Certains biographes lui donnent un titre de baron d'Empire à cette date, assertion jamais corroborée et vraisemblablement erronée.
- ↑ Les armes sont celles des Liborel du Ponthieu/Artois: d'argent aux trois gerbes de sinople liées de sable, posées 1 et 2, accompagnées de trois maillets de sables, 2 en chef et 1 en pointe (ce relèvement des armes ancestrales et la politique (systématique) d'achat de fiefs menée par le (futur) baron témoignent de la constante volonté des Liborel de récupérer la qualité de leurs ancêtres de jadis).
Sources
- Notice sur M. le baron Liborel, conseiller honoraire à la Cour de cassation, officier de la Légion d'honneur, par M. Bouton, Paris
- Notice historique sur le baron Liborel, avocat au Conseil d'Artois, membre de l'Echevinage d'Arras et des Etats d'Artois, etc., in Mémoires de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras, tome XI (page 57), par A-J. Paris, 1879