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Eva Joly

- Wikipedia, 5/02/2012

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Eva Joly
Eva Joly
Eva Joly, en juin 2011.

Fonctions
Députée européenne
Actuellement en fonction
Depuis le 14 juillet 2009
Élection 7 juin 2009
Législature 7e Parlement européen
Biographie
Nom de naissance Gro Eva Farseth
Date de naissance 5 décembre 1943 (1943-12-05) (68 ans)
Lieu de naissance Drapeau de la Norvège Oslo (Norvège)
Nationalité Franco-norvégienne
Parti politique Europe Écologie Les Verts
Profession Juge d'instruction

Eva Joly, née Gro Eva Farseth[1] le 5 décembre 1943 à Oslo (Norvège), est une femme politique franco-norvégienne. Ancienne magistrate française[2], elle a instruit des dossiers politico-financiers tels que l'affaire Elf.

En 2009, elle est élue députée européenne dans la circonscription Île-de-France, sur la liste Europe Écologie. Elle est candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts en vue de l'élection présidentielle de 2012.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Gro Eva Farseth naît en 1943 à Motzfeldts gate (rue Motzfeldt), dans un quartier modeste d'Oslo[3], d'une famille issue de l'agriculture.

Gro Eva Farseth passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Grünerløkka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, fabriques de voiles pour bateaux…), à Oslo, et en fréquente les écoles.

À 18 ans, après avoir fini troisième au concours de Miss Norvège[4], elle quitte son pays natal, avant d'exercer divers métiers : fille au pair, secrétaire aux Disques Barclay, dactylo, couturière à domicile[5]. En 1967, elle épouse un étudiant en médecine, Pascal Joly, le fils aîné de la famille où elle travaillait au pair (et cousin de Sylvie Joly), malgré l'opposition de ses futurs beaux-parents[6]. Ils ont deux enfants, Caroline, qui deviendra avocate et Julien, devenu architecte. Tout en poursuivant des études de droit, Eva Joly gagne sa vie comme styliste en décoration d'intérieur[3]. Quand son mari termine ses études de médecine, le couple s'installe à la campagne à Bouray-sur-Juine, près d'Étampes[3].

Eva Joly obtient une licence en droit et un DEA de sciences politiques[7] et devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Étampes. En 1981, elle réussit un concours exceptionnel d'entrée à l'École nationale de la magistrature et confesse : « Il n'y avait pas d'épreuve de culture générale et cela me convenait »[8]. La même année, à 38 ans, elle est nommée substitut du procureur de la République à Orléans. En 1989, elle est détachée au Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), organisme rattaché au ministère des Finances, qui épaule les entreprises en difficulté dans les zones sinistrées. Elle en devient la première secrétaire générale adjointe à ne pas sortir de l'ENA. Elle est également auditrice de l'Institut des hautes études de défense nationale dont elle a suivi l'enseignement en 1996[9].

Affaire Elf

Article détaillé : Affaire Elf.

Nommée en 1990 juge d'instruction au pôle financier au Palais de justice de Paris, elle instruit des affaires en vue, comme celle de Bernard Tapie, puis se voit confier le dossier Bidermann, qui conduit via Elf-Gabon à l'affaire Elf, qu'elle instruit avec Laurence Vichnievsky. Le 5 juillet 1996, Eva Joly fait incarcérer Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf et président en exercice de la SNCF. Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des frégates de Taïwan et de l'affaire Dumas-Deviers-Joncour. En 1998, elle met en examen Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel qui est contraint à la démission. Condamné en première instance en 2001, il est relaxé en appel en 2003.

En 2001, en pleine affaire Elf, Eva Joly est marquée par le suicide de son mari (dont elle était séparée)[10]. La même année, elle est lauréate, pour le travail exceptionnel effectué dans cette affaire, du prix de l'intégrité décerné par l'ONG Transparency International[11].

En 2003, elle est l'une des initiatrices de la Déclaration de Paris avec l'ancien procureur de Genève Bernard Bertossa, le juge espagnol Baltasar Garzón, le juge italien Antonio Di Pietro (à l'origine de l'opération Mains propres) et le Chilien Juan Guzmán, qui a inculpé Augusto Pinochet.

Retour en Norvège

Après l'affaire Elf, Eva Joly souhaite s'éloigner de la France. Elle explique son départ en Norvège comme un véritable exil pour se mettre à l'abri : « J'ai quitté la France. Je suis partie parce que je ne voulais laisser à personne les moyens et le temps de se venger »[12].

En 2002, elle se met en disponibilité de la magistrature pour devenir conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, déplorant au passage la complaisance en France pour les malversations financières.

Entre 2004 et 2006, pour le compte de l'Agence norvégienne de développement et de coopération, elle est conseillère du président de la Republique Malgache, Marc Ravalomanana[13],[14].

En 2005, elle crée, avec l'appui du ministère des Affaires étrangères, le « Network », réseau privé de juges et d'enquêteurs engagés dans la lutte contre la corruption. Ses membres représentent notamment plusieurs pays en voie de développement auxquels le Network apporte non seulement un soutien psychologique et moral grâce aux échanges et réunions organisés régulièrement, mais aussi, à l'occasion, une aide matérielle, comme l'exfiltration d'un membre dont la sécurité serait menacée. Comme le disent certains membres du réseau, cette initiative unique et salutaire ne pourra réellement avoir un impact significatif que si une cour internationale est créée afin de poursuivre les criminels financiers, seule façon de faire appliquer les lois communes en vigueur[15].

Son nom est choisi par la promotion 2007 de l'école nationale de la magistrature. Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet de Nicolas Sarkozy visant à dépénaliser le droit des affaires[16].

Enquête sur la crise financière en Islande

En mars 2009, Eva Joly est appelée par le gouvernement islandais pour servir en tant que conseillère spéciale dans une enquête sur une possible criminalité financière qui aurait aggravé la crise financière dans le pays[17]. Elle rend un rapport de 2 000 pages en janvier 2010. La chanteuse islandaise Björk estime que cette mission a constitué un apport immense pour son pays[18]. Eva Joly renonce ensuite à ce poste, la raison officielle de ce départ étant sa préparation à la campagne présidentielle française de 2012, comme candidate du mouvement écologique[19].

Engagement politique

Eva Joly à un meeting d'Europe Écologie, au Cirque d'hiver de Paris.

Proche du Mouvement démocrate

Eva Joly est, en 2007-2008, proche du Mouvement démocrate[20] et aurait, selon Nicolas Hulot, approché François Bayrou pour être tête de liste MoDem aux élections européennes[21], mais, ne recevant pas l'investiture souhaitée, elle n'aurait pas donné suite. Elle expliquera plus tard ce départ en jugeant que François Bayrou « n'a pas de programme »[5].

Engagement écologiste

En octobre 2008, elle rejoint le rassemblement Europe Écologie[22], en deuxième position sur la liste des écologistes en Île-de-France en vue des élections européennes[23]. La liste conduite par Daniel Cohn-Bendit recueille 20,86 % des voix, et elle est élue députée européenne, le 7 juin 2009.

Dès 2010, elle annonce son intention de se présenter sous les couleurs écologistes à l'élection présidentielle française de 2012[24],[25]. Eva Joly est considérée comme la favorite de la primaire écologiste[26] jusqu'à la déclaration de candidature de Nicolas Hulot. Elle bénéficie du soutien de certains Verts de premier plan, mais pas de la direction[27]. Elle arrive cependant en tête du premier tour, fin juin 2011, manquant de l'emporter à 63 voix près. Le 12 juillet 2011, elle est proclamée vainqueur de la primaire avec 58,16 % des voix face à Nicolas Hulot : Eva Joly devient ainsi la candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts pour l'élection présidentielle de 2012[28].

À deux reprises, Eva Joly tient des propos remarqués sur DSK. Ainsi, l'édition 2010 du prix Press club humour et politique lui est décernée pour sa formule « Je connais bien Dominique Strauss-Kahn : je l'ai mis en examen »[29], qu'elle prononce en août 2010, alors que sa candidature à la présidentielle 2012 se précise et qu'on l'interroge sur ses rivaux socialistes potentiels. Et en juin 2011, pendant les primaires écologistes et la campagne qui les précède, l'ancienne juge d'instruction fait ce commentaire sur l'ex-directeur du FMI, alors que l'affaire du Sofitel de New York est à la une des médias du monde entier : « C'est un homme ; il est riche, puissant et connu, face à une femme faible, pauvre et inconnue. Il a perdu[30]. »

Campagne pour l'élection présidentielle de 2012

Logotype utilisé dans le cadre de sa campagne.

Deux jours après avoir été désignée pour être la candidate d'Europe Écologie Les Verts à cette élection, sa campagne connaît un début très mouvementé, dès sa première proposition de candidate.

En effet, le 14 juillet 2011, Eva Joly provoque un scandale en se prononçant pour la suppression du défilé militaire de la fête nationale sur les Champs-Elysées, qu'elle propose de remplacer par un "défilé citoyen". « J'ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé (militaire) par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent », explique-t-elle à l'AFP[31]. Au Premier ministre François Fillon qui déclare en parlant d'elle : « Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises. », elle répond : « Je ne descends pas de mon drakkar. »[32].

Elle est la première candidate à la présidentielle de 2012 à soutenir publiquement le combat du chef Raoni dans sa lutte contre le barrage de Belo Monte[33].

Le 23 novembre 2011, en désaccord avec les virulentes critiques qu'elle adresse au parti socialiste, Yannick Jadot, son porte-parole, démissionne de l'équipe qui dirige sa campagne[34].

Le 1er décembre 2011, la chronique dans laquelle Patrick Besson parodie l'accent étranger de la candidate écologiste (« Zalut la Vranze ! Auchourt'hui est un krand chour : fous m'afez élue brézidente te la République vranzaise. »)[35] déclenche une vive polémique et une verte réponse d'Eva Joly[36], qui considère que ce billet est « une attaque raciste »[37].

Le 8 décembre 2011, l'ancienne magistrate est condamnée à une amende avec sursis pour avoir diffamé David Douillet[38].

Suite aux accusations de francophobie que Marine Le Pen prononce à son encontre le 20 décembre 2011[39], Eva Joly déclare que « ce n'est pas à la fille héritière de milliardaire, héritière d'un parti et d'un tortionnaire en Algérie de décider qui est Française ou pas »[40].

Le 11 janvier 2012, lors de la nuit de l'égalité, Eva Joly propose de créer deux jours fériés, un pour les juifs et un pour les musulmans, afin que « chaque religion ait un égal traitement dans l'espace public »[41].

Bibliographie et filmographie

Ouvrages rédigés par ou avec Eva Joly

Autres livres

Films

L'affaire Elf a inspiré les auteurs de fictions :

Téléfilm en deux épisodes produit par Canal+, fiction sur l'affaire Elf, Nicole Garcia y joue le rôle d'Eva Joly. Eva Joly a « adoré ce film » qui « rend bien compte de ce qui s'est passé »[42].
En 2006, le cinéaste Claude Chabrol s'est inspiré de l'affaire Elf et de la vie d'Eva Joly pour son film L'Ivresse du pouvoir. Eva Joly a critiqué le film comme « un petit théâtre de mœurs qui conforte chacun dans l'immobilisme », et souligné que dans la réalité, « des circuits financiers occultes d'une ampleur sans précédent en Europe ont été découverts. La justice a apporté la preuve de détournements massifs (jusqu'à 150 millions d'euros) par les dirigeants de la firme, en grande partie pour leur usage personnel. Elle a éclairé les citoyens sur les pratiques corruptrices entre les pays développés et ceux en voie de développement. » Elle a estimé que le film réduisait l'enquête à « une suite de clichés » et regretté que Claude Chabrol ait selon elle violé l'intimité de sa vie privée, ajoutant lors de la promotion du film « des détails sordides et erronés sur [sa] vie personnelle »[43].

Notes et références

  1. David Servenay, article « Eva Joly, meilleure chance d'Europe Ecologie pour 2012 ? », 31 mars 2010, Le Post.
  2. Ministère de la Justice, Arrêté du 9 mars 2006 portant admission à la retraite (magistrature), Journal officiel no 64 du 16 mars 2006, page texte n° 76, NOR: JUSB0610154A.
  3. a, b et c Gilles Gaetner, « L'inflexible », dans L'Express, 23/10/2003 [texte intégral] 
  4. Eva Joly, Judith Perrignon, La Force qui nous manque, 2007.
  5. a et b Sylvia Zappi, « Eva Joly, la nouvelle égérie écolo », dans Le Monde, 14 août 2010 [texte intégral (page consultée le 21 août 2010)] 
  6. http://www.politique.net/2008092903-portrait-eva-joly.htm Eva Joly : de la justice à la politique], 29 septembre 2008.
  7. Portrait : Eva Joly, TF1 NEWS, Marlène Andrezo, 30 octobre 2008
  8. « Les quatre vérités d'Eva Joly », Le Point, 9 juin 2000.
  9. Discours de clôture d’Eva Joly lors des journées d’été d'Europe Ecologie, 20 août 2011.
  10. L'Express, lundi 23 août 2010
  11. Integrity Awards winners 2001
  12. La force qui nous manque Sur le site du cteb
  13. L'échappée malgache d'Eva Joly
  14. Eva Joly : le ver est dans le fruit...
  15. Le Monde, 23 mars 2009.
  16. Le Monde, 13 septembre 2007, p. 11.
  17. "Eva Joly, icône au pays des Vikings", Challenges, 12 mars 2009.
  18. Gilles Médioni, « Björk plébiscite Eva Joly », dans L'Express, 17 novembre 2010 [texte intégral (page consultée le 2011-07-17)] 
  19. (en) Eva Joly quits Iceland bank crash investigation, Icenews, 13 octobre 2010.
  20. « Européennes : Eva Joly possible candidate », dépêche AFP, 8 juin 2008.
  21. « Hulot : “Eva Joly avait demandé à François Bayrou d’être tête de liste aux européennes” », Le Parisien, 10 juin 2011.
  22. '« Pourquoi je rejoins le Rassemblement »
  23. Eva Joly rejoint Cohn-Bendit et l’union des écolos pour l’Europe, Libération, 17 septembre 2008.
  24. « Cécile Duflot ne souhaite pas être candidate à la présidentielle de 2012 », Le Nouvel Observateur, 19 août 2010.
  25. « Europe Ecologie : Eva Joly fait un pas de plus vers 2012 », Le Figaro, 15 août 2010.
  26. « Derrière le consensus écolo pour Eva Joly, des tensions demeurent », Le Monde, 18 août 2010.
  27. Julien Bayou, Marie-Christine Blandin, Pascal Canfin, Yves Contassot, Karima Delli, François de Rugy, Yannick Jadot, Alain Lipietz, Noël Mamère, Caroline Mécary, Michèle Rivasi, Dominique Voynet, Hélène Flautre, François Alfonsi, Lucile Schmid, Andrée Buchmann, cf. Rodolphe Geisler,Primaire écolo : Joly et Hulot comptent leurs soutiens, Le Figaro, 14 juin 2011
  28. « Primaire écologiste : Eva Joly l'emporte par 58 % des voix », Le Monde, 12 juillet 2011.
  29. « Eva Joly lauréate 2010 du prix humour et politique », Libération, 20 septembre 2010.
  30. « Accusé, levez-vous ! », Le Point, 16 juin 2011.
  31. « Eva Joly propose la suppression du défilé militaire du 14 juillet », Le Monde, 14 juillet 2011.
  32. « Réponse de Joly à Fillon », Le Parisien, 15 juillet 2011.
  33. EVA JOLY : son message de soutien au chef Raoni Sur le site raoni.fr
  34. « Yannick Jadot démissionne de la direction de campagne d'Eva Joly », Le Monde, 23 novembre 2011.
  35. Chronique de Patrick Besson, Le Point, 1 décembre 2011.
  36. Réponse d'Eva Joly à Patrick Besson, Le Point, 8 décembre 2011.
  37. « Eva Joly dénonce une attaque raciste », L'Express, 4 décembre 2011.
  38. « Eva Joly condamnée à une amende avec sursis pour avoir diffamé David Douillet », Le Monde, 8 décembre 2011.
  39. « Eva Joly a des propositions francophobes », L'Express, 20 décembre 2011.
  40. « Le ton monte entre Marine Le Pen et Eva Joly », Le Point, 21 décembre 2011.
  41. Eva Joly favorable à un jour férié pour Kippour et l’Aïd-el-Kebir, Le Monde, 11 janvier 2012.
  42. « La juge Eva Joly et l'actrice Nicole Garcia parlent des “Prédateurs” », Télérama, 15 octobre 2007.
  43. Claude Chabrol a rétréci l'affaire Elf, Le Monde, 17 mars 2006

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